Après les îles et le farniente, il était temps d'aller nous dégourdir les gambettes et dans la forêt tropicale de Taman Negara, ça n'a pas été de tout repos !
Des îles Perhentian nous avons rejoint le petit village de Kuala Tahan, qui est une des deux portes d'entrée pour pénétrer, via des sentiers de randonnée, dans la jungle du parc national de Taman Negara. Et ce n'est pas n'importe quelle forêt. C'est, d'après les scientifiques, une des plus anciennes forêts tropicales du monde. C'est une zone protégée, et seuls les Orang Asli, le peuple aborigène qui vit actuellement encore dans cette forêt, sont autorisés à y chasser. L'écosystème y est donc riche et diversifié, et dans l'espoir d'avoir plus de chance d'y apercevoir quelques animaux sauvages, nous sommes partis en trek sur 2 jours. Nous espérions notamment y voir des tapirs, des petits animaux ressemblant un peu aux cochons mais avec une petite troupe et une grosse langue.
Budget bagpacker oblige, nous avons organisé nous-même ce circuit - circuit que nous avions d'ailleurs choisi parce qu'on savait qu'il était possible et sans risque de le faire sans guide. Nous nous sommes donc préparés deux petits balluchons et avons laissé nos gros sacs dans notre guesthouse - Durian Guesthouse - qui est entre parenthèse une super adresse (pour RM40, soit 10€ on a eu une chambre pour deux avec salle de bain privée ! ce qui est un luxe dans les hôtels à petit budget de Malaisie). Enfin pas si légers que ça nos balluchons (surtout celui de Guillaume...!) car nous devions prendre de l'eau pour 2 jours de marche, soit 10 L en tout. C'est qu'on transpire énormément dans une forêt tropicale où la chaleur y est plus qu'humide. Le refuge où nous avons fait escale pour la nuit était perdu en pleine forêt à 11km de Kuala Tahan et spartiate. Il n'y avait ni cuisine ni toilette ni salle de bain. Seules des planches de bois nous y attendaient là-bas. En même temps quand on trouve un toit dans la jungle, on est déjà rudement content !!! Nous sommes donc partis avec dans nos sacs surtout de la bouffe et de l'eau, car on savait qu'on allait être de toute manière sales et humides pendant 2 jours. Nous avions aussi loué chacun un matelas de sol (RM 5 par matelas, soit 1,25€). Même si on n'est pas habitué à du grand confort côté hôtel, on n'est pas non plus maso !
Avant de partir j'ai quand même eu quelques appréhensions. Allions-nous bien trouver le refuge ? Allions-nous croiser en chemin des bêtes sauvages, style tigre ? Car oui il y en a. De même qu'il y a aussi dans cette forêt autour de 400 éléphants et une petite vingtaine de rhinocéros. NB : vu comment la forêt est dense, on se demande bien comment ils font pour se faufiler entres les arbres... Allions-nous être dévorés par les sangsues ? D'après plusieurs blogs, on allait en croiser à coup sûr, beurk beurk beurk... Bref, même si la perspective de passer une nuit dans la jungle à écouter la forêt vivre me tentait vraiment, mon cerveau avait quand même du mal à ne pas psychoter un peu.
Mais bon, en bons aventuriers, nous avons quand même pris la route ! Et si nous sommes vraiment contents de l'avoir fait, ce fut quand même une sacrée aventure. Pas sûr qu'on retente l'expérience, ou en tout cas pour sûr, on ne la retentera pas sur une plus longue période !
Jour 1 : Kuala Tahan => Refuge de Bumbun Kumbang (11 km) - 6h de marche
Nous sommes partis de bonne heure (10h) afin d'être sûr d'arriver au refuge avant la pluie. Nous avons décidé de commencer notre boucle par le sentier qui longe la rivière, réputé plus difficile car plus vallonné que l'autre chemin. Au cas où la nuit serait difficile, on préférait se garder le plus facile pour demain ! Et on a bien fait. On a passé une bonne partie de notre journée à grimper et à redescendre sur des sentiers plus ou moins boueux et pentus. Inutile de dire, qu'au bout de 2h de marche, nous et nos vêtements étaient déjà trempés de sueur comme si on avait pris une douche tout habillé.
En tout cas, c'était assez impressionnant d'être dans une forêt si dense. Seul le sentier était dégagé. Tout autour, des arbres gigantesques nous entouraient et filtraient la lumière. On y a vu des drôles d'espèces d'arbres, certaines plutôt hostiles car truffées de pics pointus. Faut savoir se défendre dans la jungle !
Cependant, à part des arbres, des lianes et des champignons on n'a pas vu grand chose d'autre. Du coup, même si être dans une forêt tropicale est plus que dépaysant, à la fin, la route a été quand même un peu fastidieuse. En tout cas heureusement, le chemin était bien tracé. Quelques portions étaient quand même un peu cachées à cause de chutes d'arbres qu'il fallait escalader ou contourner. Mais après le Népal et le tremblement de terre, on est habitué maintenant ! A chaque contournement, j'avais quand même un peu peur de ne pas retrouver le chemin. Mais en ayant les deux yeux ouverts, on s'apercevait vite qu'il n'était jamais très loin. De toute manière la forêt est tellement dense, qu'on savait tout de suite si on était dessus ou pas !
Cependant, à part des arbres, des lianes et des champignons on n'a pas vu grand chose d'autre. Du coup, même si être dans une forêt tropicale est plus que dépaysant, à la fin, la route a été quand même un peu fastidieuse. En tout cas heureusement, le chemin était bien tracé. Quelques portions étaient quand même un peu cachées à cause de chutes d'arbres qu'il fallait escalader ou contourner. Mais après le Népal et le tremblement de terre, on est habitué maintenant ! A chaque contournement, j'avais quand même un peu peur de ne pas retrouver le chemin. Mais en ayant les deux yeux ouverts, on s'apercevait vite qu'il n'était jamais très loin. De toute manière la forêt est tellement dense, qu'on savait tout de suite si on était dessus ou pas !
Vers 17h, après avoir croisé quelques aborigènes, pieds nus et en mini-short (exactement comme dans le film un Indien dans la ville), nous sommes arrivés non sans joie, au refuge. C'était une cabane en hauteur aussi spartiate que dans notre imagination. Il y avait une quinzaine de lits en bois mais surtout un super poste d'observation donnant sur une petite zone de "plaine" et un point d'eau, qui nous espérions, attirera des animaux le soir venu.
En tout cas la bonne nouvelle, c'est que nous n'avons vu aucune trace de sangsue en route. Seuls les moustiques ne nous ont pas laissé beaucoup de répit. La sueur ne les gênant malheureusement pas le moins du monde.
Vers 18h, une petite vague de fraîcheur nous a permis de sécher pour la première fois de la journée. Nous étions toujours les seuls au refuge et avions bon espoir de l'avoir à nous pour la nuit. Postés silencieusement face à notre fenêtre d'observation, nous scrutions les buissons et le moindre mouvement des arbres. Etait-ce le vent ou un animal ? Nous entendions mille sons, sans savoir à quoi ils correspondaient vraiment. Et c'est quand on a commencé à ne plus croire, qu'on a aperçu une forme bouger derrière un buisson. Au bout de 5 minutes, l'animal à oser se dévoiler et c'est un sanglier qui est venu brouter juste devant nous. Quelques secondes après, un deuxième s'est approché, puis un troisième, puis un quatrième, puis un cinquième. Béats comme des enfants devant une vitrine de gâteaux, nous avons ainsi contemplé toute une famille de sangliers brouter tout en grognant. A la fin, ils étaient une douzaine. Mais ils sont vite repartis vers la jungle. C'est que la nuit commençait à tomber tout doucement.
A 19h, nous n'étions toujours que tous les deux au milieu de cette forêt immense. La luminosité s'est abaissée tranquillement. On a commencé à se sentir un peu seul et à limite trouver certains bruits étranges. On n'a pas eu peur, mais on a quand même vite ressenti le besoin de fermer porte et fenêtres. Très vite, il a fait nuit noire. Il nous fallait maintenant attendre le lendemain pour espérer voir d'autres animaux. Nos frontales n'avaient malheureusement une portée suffisante que pour nous permettre de discerner le fond de nos assiettes.
A 19h, nous n'étions toujours que tous les deux au milieu de cette forêt immense. La luminosité s'est abaissée tranquillement. On a commencé à se sentir un peu seul et à limite trouver certains bruits étranges. On n'a pas eu peur, mais on a quand même vite ressenti le besoin de fermer porte et fenêtres. Très vite, il a fait nuit noire. Il nous fallait maintenant attendre le lendemain pour espérer voir d'autres animaux. Nos frontales n'avaient malheureusement une portée suffisante que pour nous permettre de discerner le fond de nos assiettes.
La journée ayant été chargée, on s'est endormi sans mal sur nos planches de bois, et cela malgré une pluie battante qui martelait le toit. Les chemins vont être bien boueux demain...!
Jour 2 : Refuge de Bumbun Kumbang => Kuala Tahan (10,9 km) - 4h30 de marche
Après une nuit pas si affreuse que ça, nous n'avons malheureusement pas eu de spectacle pour notre petit-déjeuner. Il nous a fallu remettre nos pantalons humides en se disant qu'au moins on avait vu des cochons sauvages. On est loin de l'exotisme d'un tapir, mais c'est déjà ça. Et puis dans une forêt halal, fallait s'y attendre !! Pour l'anecdote avant d'entrer dans le parc naturel, il est bien précisé qu'il est interdit d'emporter dans la jungle de la nourriture non halal (cf point n°7). Pas de petit jambon-beurre pour le pique-nique.....!
On est donc reparti d'un bon pas sur des chemins beaucoup plus faciles que la veille mais rapidement on s'est aperçu qu'ils étaient piégés... Après seulement 5 minutes de marche, j'ai constaté avec dégoût, que j'avais deux sangsues sur ma chaussure. Nous avions pris soin de mettre nos pantalons dans nos chaussettes afin de ne pas se faire manger les mollets, mais j'avais bon espoir que ce soit, comme la veille, une protection inutile. Malheureusement, il avait trop plu toute la nuit d'avant pour qu'elles nous laissent en paix aujourd'hui. Quand elles n'étaient pas cachées par terre sous une feuille, on les voyait se tortiller sur le chemin, prêtes à nous bondir dessus. Leur démarche ridicule en accordéon les rendaient encore plus répugnante. Elles ne rampent pas, elles basculent juste leurs petits corps dégoûtant d'un côté puis d'un autre. Difficile d'ailleurs de dire si elles ont deux culs ou deux têtes. Mais elles sont voraces et ambitieuses. Elles remontaient le long de nos jambes petit à petit dans l'espoir d'atteindre un bout de peau (heureusement contrairement aux moustiques, ça ne mord pas à travers les vêtements). J'essayais d'accélérer le pas, mais rien n'y faisait, régulièrement des sangsues s'agrippaient à nous. Très régulièrement, il fallait donc faire des pauses check sangsue, pour enlever toutes celles ramassées en chemin. Et c'est là qu'on a bien compris la définition du mot sangsue. C'est en effet bien un élément indésirable, qui se nourrit de son hôte à ses dépends et dont il est très difficile de se débarrasser. Au début on a essayé de les décoller de nos vêtements avec un bâton, mais c'était mission impossible. Elles semblaient comme collées et c'était peut-être le plus répugnant. Heureusement, comme tout, les sangsues ont leurs failles. Et nous avions un antidote sur nous : du sel ! Avec soulagement, on a pu constater à quel point ça marche bien. Une fois bien salées, elles se décollaient toutes seules. Le feu marche aussi apparemment. Mais sur les vêtements, ce n'est pas optimum ! En 4h30 de marche, on a dû ainsi retirer de nos vêtements une bonne trentaine de sangsues chacun. Une est même tombée d'un arbre sur Guillaume. Ce qui m'a fait encore plus psychoter. Ma casquette vissée sur la tête, je n'avais qu'une hâte, sortir de cette jungle d'enfer. Jusqu'au bout on a cru qu'on ne s'était pas fait sucer. C'est seulement vers la fin qu'on a constaté que Guillaume avait été sucé au ventre et au mollet ; sa chaussette avait légèrement glissé et trois grosses sangsues le pompaient sans vergogne. Et moi c'est arrivée à l'hôtel, en enlevant ma chaussure, que j'ai constaté avec dégoût que mon bas de pantalon était tâché de sang. La sangsue avait disparu mais non sans trace. Il a fallu ensuite scruter minutieusement nos vêtements et chaussures. Des sangsues se cachaient sous nos semelles à l'intérieur de nos chaussures et dans les replis de nos chaussettes. Beurk beurk et rebeurk. J'ai tout rincé deux fois et j'avais encore peur d'en retrouver. Quand on pense que certaines espèces de sangsues sont très recherchées pour leurs vertus thérapeutiques, et qu'en France on déplore leur quasi totale disparition à cause de la pollution notamment (il en resterait quelques-unes dans le massif centrale). Leur bave a en effet des pouvoirs anticoagulants et anti-inflammatoires puissants. Et tout cas le côté anticoagulant, on n'a pas eu besoin de Wikipédia pour l'apprendre. Guillaume, qui a été le plus longtemps sucé, a pissé le sang et repeint la douche. Même si les morsures sont toutes petites, un pansement normal ne suffisait pas. J'ai dû lui faire un bandage avec du papier toilette et de l'élasto pour réussir à stopper "l'hémorragie". Voraces et vicieuses, décidément, il y a bien pire que les moustiques en fait !
En tout cas, on s'en souviendra de cette petite randonnée ! Et chapeau bas aux aborigènes qui vivent au quotidien dans cette forêt. C'est vraiment tout un autre monde.
En tout cas, on s'en souviendra de cette petite randonnée ! Et chapeau bas aux aborigènes qui vivent au quotidien dans cette forêt. C'est vraiment tout un autre monde.
Hello ! J'avoue, ça fait bientôt 2 mois que je n'ai pas suivi vos aventures... changement de taf oblige ;-) mais je me mets à jour et lis avec plaisir vos aventures en Malaisie !
RépondreSupprimerJe suis obligée de réagir à votre expérience dans la jungle de Taman Negara. ça me rappelle des souvenirs ! J'y avais passé 2 jours... une nuit dans une grotte ! Une sacrée expérience ! et effectivement les sangsues... qui se faufilent dans les chaussettes sans que l'on s'en rende compte... sauf au moment de poser les chaussures !!! ça fait des souvenirs !!!
J'ai hâte de lire la suite et de me mettre à jour. Je comprends que vous êtes maintenant à Bali ! J'espère que tout va toujours bien ! Ce qui est sûr c'est que vous en prenez toujours plein les yeux !!!
Bises