Quand on est en Amérique du Sud, il y a quelques incontournables, et la jungle amazonienne en fait partie. Bon j'avoue qu'au début, ça ne m'enchantait guère. Après notre expédition dans la jungle en Malaisie (sangsues, forte humidité & moustiques à gogo -
cf. article), je n'étais pas franchement pressée d'y remettre les pieds. Mais bon cette fois-ci, il y avait en récompense la perspective d'apercevoir pas mal de bêtes sauvages !! Alors, pour ne pas avoir de regret, j'ai accepté de quitter mon confort (parfois précaire) en direction de l'Amazonie !
Mais ça a été d'abord tout un voyage, car la jungle ça se mérite. De Chachapoyas, nous avons pris un mini-bus en direction de Tarapoto, la dernière grande ville avant la jungle
(7h de route - 35 soles par pers, soit 10€ - Compagnie : Tourismo Selva). Après une balade rapide dans la ville pour se dégourdir les pattes et une bonne nuit de repos, nous sommes repartis le lendemain en mini-bus en direction de Yurimaguas
(3h de route - 10 soles par pers, soit 2,9€. - Compagnie : Tourismo Selva).
A Yurimaguas, à part le marché et le port, il n'y a pas grand chose à faire. Nous avons réglé les derniers détails avec notre agence de trekking (
Peru Selva), que nous avions au préalable contactée par email pour réserver notre trek de 4 jours. Puis acheté nos billets de bateau pour le lendemain
(40 soles par pers., soit 11,4€) et préparé un petit baluchon pour le trek. Car il n'était pas question de partir avec toutes nos affaires dans la jungle. On va être sale pendant 4 jours alors autant salir le moins d'affaire possible.
Le lendemain, de bonne heure, nous avons donc quitté la "civilisation" en direction de Lagunas, un petit village de 4 000 habitants non loin de la réserve de Pacaya Samiria où nous allions vadrouiller pendant 4 jours. Pendant les 7h de bateau (et c'était un « fast » boat) j'ai eu le temps de chercher des yeux des crocodiles (en vain) et de sursauter dès qu'un gros poisson se tortillait à la surface de l'eau. Faut dire qu’à première vue cette rivière maronnasse n’inspire pas vraiment confiance. En chemin nous avons croisé des petits villages de 3 maisons et déposé des passagers sur la berge au milieu de nulle part (enfin à première vue).
Nous sommes arrivés à Lagunas en fin d'après-midi où nous avons rencontré Javier, qui avec Wellington, sera notre guide pendant les 4 prochains jours. Après nous avoir conduits à notre hôtel, il ne nous restait plus qu'à sillonner la seule rue de Lagunas et à jouer aux cartes ! Quelques jours avant de partir pour la jungle, nous avions fait la connaissance d'un couple de français (Audrey & François) qui avait le même programme que nous. Nous sommes donc partis tous ensemble avec la même agence et on a ainsi eu des compagnons de jeu.
Le lendemain (soit 3 jours après avoir quitté Chachapoyas - la jungle ça se mérite vraiment), nous avons enfin commencé notre trek. Après une courte balade en moto taxi, nous avons atteint le début de la réserve. Là-bas, deux pirogues nous attendaient. Car oui, je ne l'ai pas précisé, mais c'est un trek en pirogue cette fois-ci que nous avons fait ! Deux guides pour 4 personnes et une cuisinière nous accompagnaient. Inutile de dire qu'on a été comme des coqs en pâte pendant 4 jours.
La journée nous sillonnions la rivière Tiblio en scrutant les bas-côtés. Les deux premiers jours dans le sens du courant, les deux derniers, à contre-courant (et il y avait du courant). Mais bon, ce n'est pas nous qui avons pagaillé le plus car nous nous relayions pour être le quatrième rameur. Et c'était surtout les guides qui étaient les moteurs. Ils étaient impressionnants car infatigables.
Pendant ces balades, nous avons donc eu tout le loisir de chercher serpents, oiseaux, singes etc. Et là encore se sont en fait les guides qui ont tout fait. En ramant, ils étaient capables, parfois 100 mètres à l'avance de voir singes, loutres d'eau douce, tortues, oiseaux etc. Ils n'ont pas cessé de nous bluffer et de tester notre vue ! Car bien souvent, on ne distinguait pas facilement les animaux qu'ils nous montraient ...!
En tout cas, on a bien enrichi notre vocabulaire animalier en espagnol car nous avons vu : des serpents (dont un bébé anaconda), des aigles, des perroquets, des oiseaux de toutes les couleurs, des singes en tout genre dont des paresseux, des énormes toiles d'araignée et les araignées qui vont avec (dont une tarentule), des hérons, des papillons de toutes les couleurs, des loutres d'eau douche et des dauphins roses ! Pour ces derniers, on a été vraiment chanceux, car normalement il aurait fallu s'enfoncer plus loin dans la jungle pour en voir. Ça a été la cerise sur le gâteau !
Vous allez me dire que jusque là, il n'y a rien de bien aventureux ! Et pourtant ! Nous avons été à la chasse aux crocodiles, pêché des piranhas et lutté contre des bataillons de moustiques insatiables.
La « chasse » aux crocodiles
Deux soirs de suite, nous sommes partis en pirogue et à la frontale, à la "chasse" aux crocodiles ! La journée, les crocodiles dorment, il est donc très rare d'en apercevoir. Il faut aller se balader la nuit pour avoir une chance de voir leurs museaux. L’avantage, c’est qu’en journée, on peut sans problème mettre la main dans l'eau ou même se baigner. Mais bon, perso, de savoir tout ce qu’il y avait en dessous (crocos, piranhas, anacondas etc.), m’a coupé toute envie de baignade. Guillaume, lui, a quand même tenté pour le fun, mais il n’est pas resté bien longtemps et il n’était pas assez serein pour faire la planche.
En tout cas, mieux vaut éviter les bains de minuit, car c’est la nuit que les crocos chassent et sortent donc la tête de l'eau. Enfin surtout les yeux. Et c'est comme ça qu'on les repère. En cherchant dans la nuit noire, deux petits points jaune-orangé qui scintillent. La première fois, ça nous a fait vraiment bizarre d'embarquer dans la pénombre. Chaque petit bruit sourd me faisait sursauter. Personne n’osait parler. On n'entendait que les bruits le la jungle et les remous de l’eau sous l’impulsion de la rame. Après 15 minutes de balade, notre guide s’est approché de la berge et là, tout d’un coup, a mis les pieds dans l’eau. J’avais froid dans le dos pour lui. Mais lui, imperturbable, s’est approché à tâtons du bord, et d’un geste brusque nous a sorti de l’eau en une minute un bébé croco ! Enfin pas si bébé que ça, car il avait quand même déjà 2/3 ans. C’est que ça ne pousse pas bien vite ces bêtes là. Mais bon, ça a quand même déjà des bonnes petites dents. J’ai donc veillé à bien lui serrer la gueule quand je l’ai pris dans mes bras.
Par la suite nous n’avons repêché et vu que des bébés crocodiles, qui sont en fait beaucoup moins craintifs que les gros. L’expérience leur apprendra à se méfier de nous je pense, et surtout, ils doivent bien finir par en avoir marre de se faire chatouiller par des gringos. D’après nos guides, en chemin, nous avons croisé plusieurs gros crocos. Suivant l’espacement entre leurs yeux, ils arrivent à estimer leur taille. Mais nous, à part deux points scintillants, on n’a rien vu d’autre. Et peut-être que c’est très bien comme ça, car il y a parfois des attaques de crocodiles, notamment quand on s’approche trop près de leur nid.
2. La pêche aux piranhas
Pendant ce trek, l’autre cerise sur le gâteau, c’est que nos guides étaient des très bons pêcheurs et que la rivière foisonne de poissons. Un des guides a d’ailleurs pêché au harpon dès le premier matin, un poisson-chat de 8 kg. On a tout de suite compris qu’on allait manger du poisson frais à tous les repas.
Et ce n’était pas pour nous déplaire ! Ça nous a permis de varier notre alimentation, car depuis l’Asie, c’est plutôt poulet à chaque repas ! Mais pour manger, il nous fallait donc pêcher. Et on ne s’est jamais senti aussi bon pêcheur. C’était en fait trop facile tellement il y avait de poissons. Deux minutes, était en moyenne le temps d’attente avant qu’un poisson ne morde à l’hameçon. Après il fallait réussir à le remonter à bord, ce qui n’était pas garanti à tous les coups. Mais bon, en peu de temps, on a quand même réussi à chaque fois, à remplir nos pirogues (26 piranhas lors de la 1ère session !). Et quand on pêchait à la ligne avec pour hameçon des morceaux de poissons crus, c’est très souvent les piranhas qui mordaient en premier ! Au début, dès que je sentais ma ligne être tirée par le fond, j’étais un peu affolée à l’idée de remonter un piranha. J’avais trop peur qu’il tombe dans le bateau et me croque les mollets. Les premiers sont d’ailleurs restés dans l’eau, car j’étais trop hésitante à les remonter. Et puis, j’ai fini par prendre le coup de main ! C’est que, au maximum de ma forme, j’ai quand même pêché 10 piranhas ! Bon certes, ce n’était par contre pas moi qui faisait le sale boulot, i.e. qui les prenait à la main pour les tuer et enlever l’hameçon (j’avais trop peur de perdre un doigt !).
3. La guerre contre les moustiques
Si en journée sur notre barque nous étions étonnamment à l’abri de tout moustique. Dès qu’on s’arrêtait pour déjeuner et surtout le soir, des nuages de moustiques affamés nous assaillaient. Et inutile de dire qu’autant l’anti-moustique comme les vêtements ne leur faisaient pas peur du tout. J’ai préféré ne pas compter le nombre de piqûres sur mes cuisses et genoux, qu’ils ont tout particulièrement affectionnés. J’ai essayé de ne pas trop me gratter (en vain). La seule solution que j’ai trouvé (au bout de seulement 3 jours malheureusement), c’est d’empiler le plus de couche possible. A la fin, je ne sortais donc plus sans mon sac à viande qui me servait de bouclier. Et ça marchait plutôt bien. En tout cas je n’ai pas regretté la chemise que j’avais achetée à Yurimaguas (pour 10 soles / 2,5€ dans un magasin de seconde main). Certes elle n’était franchement pas sexy, mais elle était tellement grande que les moustiques n’arrivaient pas à m’atteindre (enfin sur le haut du corps !). Inutile de dire, qu’à cause d’eux, les repas étaient vite expédiés. Je passais autant de temps à manger qu’à écraser tous ceux qui osaient s’approcher de moi (mais bon, je ne les ai pas tous eu de toute évidence). Une fois notre assiette engloutie, on s’empressait donc de se cacher sous nos moustiquaires. Les soirées n’ont pas été très longues !
Après 4 jours dans la jungle on a regagné le petit village de Lagunas avec le sentiment de revenir en ville. On a en tout cas tous beaucoup apprécié ces journées dans la forêt amazonienne, même moi ! C’était assez magique de naviguer entre les arbres et on ne s’est pas lassé de ces paysages qui défilaient devant nous. Et d’autant plus que nous avons vu tous les animaux que nous voulions absolument apercevoir. Bref, ça valait carrément le coup et c’était beaucoup plus confort que je ne l’aurais cru. La jungle était beaucoup moins humide qu’en Malaisie. On n’a donc pas été trempé pendant 4 jours. On a pu se doucher 2 soirs sur 3. On a mangé du poisson frais comme jamais. Goûté aux œufs de tortues. Et tous les soirs on a dormi sur un bon matelas sous le couvert d’une moustiquaire. Que demander de plus !
Informations pratiques :
Trek de 4 jours / 3 nuits : 130 soles par jour par pers., soit 520€ par pers. (148€) pour 4 jours, tout inclus (guide, nourriture, hébergement & entrée de la réserve).
NB : Nous avons eu à choisir entre Lagunas & Iquitos, qui sont tous deux, des lieux de départ pour trekker dans la jungle amazonienne au Pérou. Nous, nous avons choisi Lagunas (sans regret) pour trois raisons :
- la proximité : aller à Iquitos nous aurait demander plus de temps ou d'argent, si on avait décidé d'y aller en avion (à Iquitos, il y a un aéroport).
- le prix : Lagunas est beaucoup moins touristique et donc beaucoup plus accessible en terme de prix. On a entendu dire que d'Iquitos, c'est le double.
- le côté plus sauvage : étant moins touristiques, les lodges de la réserve de Pacaya Samiria le sont aussi. Ils sont peut-être moins conforts, mais plus typiques et surtout plus tranquilles.