Après avoir été vadrouiller dans le parc de Torotoro à la recherche de traces de dino, nous sommes allés nous reposer deux jours à Sucre, la capitale de la Bolivie. Ce n'est en effet, à date, pas La Paz la capitale officielle. Je dis bien à date, car d'ici quelques années, un référendum doit trancher sur la question. Ces deux villes se bataillent le titre depuis longtemps, et si le siège du gouvernement a déjà déménagé à La Paz, la petite ville de Sucre résiste toujours pour rester sur le devant de la scène.
Nous avons beaucoup apprécié notre escale à Sucre. C'est une ville d'architecture coloniale où il fait bon vivre. Il n'y a par contre pas grand-chose à faire, à part des musées. Mais pour une fois, ça nous allait très bien. Nous avons visité La Casa de la Libertad où notre guide nous a parlé (en français !) de l'époque post-colonisation espagnole (prix : 15 BOB par pers., soit 2€ - guide inclus). Nous y avons appris que si la Bolivie s’appelle ainsi, c'est en référence à Simón Bolívar, aussi surnommé le Libertador, pour son action en faveur de l'indépendance des actuels Bolivie, Colombie, Équateur, Panama, Pérou et Venezuela.
Et ensuite, nous avons profité de la magnifique terrasse de notre hôtel, qui était une super adresse (très propre, très bon wifi, cuisine à dispo) : Hôtel Cadena, n°926 Avenidad Hernando Siles, Sucre - prix : 80 BOB pour une chambre double, soit 10,6€ - prix négocié.
Nous avons aussi bien profité de la cuisine de l'hôtel pour réintroduire dans notre régime alimentaire pizzas et spaghettis bolognaise ! Nous étions toujours avec le couple de français (Sophie & Louis-Guillaume) que nous avions rencontré à Torotoro. On a donc pu se faire des petits dîners comme à la maison et tester le vin blanc bolivien (mais on n'avait pas dû choisir le meilleur vignoble !)
Après deux jours de glandouille à Sucre, nous avons pris la route en direction de Potosí. Et cette fois-ci on a innové. On n'y a pas été en bus. On ne peut pas dire non plus qu'on ait pris un train. On y a été en Bus Carril, un bus sur rail ! On ne sait pas pourquoi ils ont été nous inventer un hybride pareil. Mais en tout cas, ils ont bien recyclé un vieux bus en un train. Ce bus-train dessert de nombreux villages difficiles d'accès par la route et il est donc très prisé par les locaux. Et d'autant plus qu'il n'y a que trois trains par semaine qui font la liaison Sucre => Potosí (les lundis, mercredis & vendredis à 8h du matin). Monter dans ce train a donc un prix ! Et le prix à payer est de se lever tôt (4h50 pour nous) afin d'être un peu avant 6h à la gare et pouvoir réserver sa place (on ne peut acheter son billet que le jour J). Prix : 25 BOB par pers., soit 3,3€. Durée : 7h.
NB : C'est deux fois plus long d'aller de Sucre à Potosí en "train" qu'en bus. Mais prendre ce bus-train est atypique et permet de traverser des paysages plus sauvages.
Une fois arrivés à Potosí, une des villes les plus hautes au monde (4 070 mètres), nous nous sommes mis en quête d'une agence pour faire l'excursion n°1 de la ville : la visite des mines d'argent. Ces mines sont toujours exploitées et se trouvent au sein de la montagne Cerro Rico (= montagne riche) qui domine la ville et culmine à 4 824 mètres (cf. photo ci-dessous).
L'exploitation des mines de Potosí date du 16ème, du temps de la colonisation espagnole. A l'époque l'argent était extrait par le travail forcé des Indiens. Aujourd'hui, les ressources de la mine se font plus rares, mais 12 000 mineurs y travaillent toujours dans quasiment les mêmes conditions qu'il y a 500 ans, i.e. à la pioche et la pelle. La montagne de Cerro Rico, qui est passée de 5 180 m. à 4 824 m. à cause d'une activité incessante, menacerait de s’effondrer. C'est qu'elle est transpercée à la dynamite par tous les coins. Son cœur n'est plus qu'un labyrinthe de tunnels sans fin. Malheureusement, la région dépend trop de l'activité mineure pour s'en passer. Des milliers de personnes continuent donc d'y travailler et de vivre dans la pauvreté (un mineur gagne en moyenne 80 à 100 BOB par jour, soit entre 10€ et 13€ par jour, et ils ont des taxes à payer à l'état).
Le développement du tourisme dans la région apporte ainsi une autre source de revenu, mais ce ne sont pas les mineurs qui en profitent le plus. Certes, le tourisme a quelques retombées positives pour les mineurs :
- L'entrée de la mine est payante et sert apparemment à organiser des repas de fêtes pour les mineurs et leurs familles, à Noël notamment.
- Les guides sont généralement des anciens mineurs.
- Il est de coutume que les touristes apportent des cadeaux aux mineurs qu'ils croisent dans la mine : feuilles de coca (qui ont des vertus énergisantes), boissons sucrées, bâtons de dynamite, alcool à 96°C.
NB : C'est étonnant de l'alcool à 96° comme cadeau. Les mineurs s'en servent comme offrandes au dieu Tio, le dieu protecteur de la mine (cf. photo ci-dessous), et aussi pour leur consommation perso. Comme nous l'expliquait notre guide, les mineurs, tous catholiques à l'extérieur de la mine, vouent une fois dans la mine, un vrai culte à ce Dieu, censé les protéger des éboulements et des autres dangers de la mine (on estime qu'il y a eu quelques millions de morts depuis le début de l'exploitation de la mine).
Mais, ces maigres présents sont peu par rapport au prix payé par les touristes. La visite guidée coûte environ 10€ par personne et les hôtels ne sont pas les moins chers de Bolivie. La ville de Potosí, avec son style colonial, ressemble ainsi plus à une petite ville touristique bon chic bon genre, qu'à une ville minière. Le décalage avec la réalité de la vie dans les mines n'en est que plus saisissant.
En tout cas, comme tout le monde, nous sommes allés jeter un coup d’œil à l'intérieur. Nous avions avec nous feuilles de coca, alcool à 96°C et boissons sucrées, pour se dédouaner de notre voyeurisme. Nous avons parcourus pendant 2h les boyaux de la mine et été soulagés quand nous avons pu à nouveau respirer librement à l'extérieur. Plus on s'enfonce dans la mine, plus l'air se raréfie et plus la chaleur monte. En chemin, des émanations de soufre et autres substances sûrement toxiques vous piquent la gorge. Il n'y a en effet pas que de l'argent dans cette mine. Les murs sont recouverts de tâches de toutes les couleurs : orange, bleu, violet etc. On ne sait pas à côté de quoi on passe et peut-être que ça vaut mieux.
Une fois à l'air libre, on s'est redit qu'à notre retour, on sera rudement bien au bureau derrière nos PC. On ne pense pas souvent à comment sont fait les objets de notre quotidien. Et il est vrai que je ne m'étais jamais demandée avant d'où venait l'argent de certains de mes bijoux...
Informations pratiques :
- Bus Torotoro => Cochabamba : 23 BOB par pers., soit 3€. Bus de 6h du matin (1 bus par jour), arrivée à Cochabamba à 13h. Des mini-vans font aussi la navette dans la journée (35 BOB par pers., soit 4,6€), mais ils ne partent que quand ils sont pleins.
- Bus Cochabamba => Sucre : 50 BOB par pers., soit 6,6€ en semi-cama avec la compagnie Bolivar. Départ 19h30 - Arrivée à Sucre à 4h30 du matin
- Visite des mines de Potosí : 60 BOB par pers., soit 8€ (prix négocié car nous étions 4). Il y a plusieurs agences qui proposent exactement les mêmes visites mais à des prix très différents. Ça vaut le coup d'en faire plusieurs pour avoir un bon prix. Attention, la mine est fermée le dimanche.