17 mai 2015

Une semaine dans les environs de Pokhara

Nous voici donc maintenant dans la calme et apaisante région de Pokhara qu'il aurait vraiment  été dommage de manquer ! En plus, ici rien n'indique qu'il y a eu, il y a tous justes 15 jours le pire tremblement de terre qu'ait connu le Népal depuis 80 ans. Nous n'y avons vu aucune maison par terre (juste une ou deux fissurée), aucun éboulis, aucune fissure dans le sol. S'il n'y avait pas eu quelques répliques et un 3ème tremblement de terre (de 7,3 sur l'échelle de Richter), on aurait pu presque y oublier les évènements des semaines précédentes !

Pokhara, qui est la 2ème plus grande ville du Népal, borde le lac Phewa et la chaîne des Annapurnas. Par beau temps, de la terrasse d'un café ou sur une barque au milieu du lac, on peut ainsi y apercevoir en arrière-plan des pics enneigés. C'est une ville qu'on a trouvé plus cosy et plus calme que Katmandou. Les hôtels et maisons sont plus récents et modernes. Les rues beaucoup plus espacées. Et la circulation beaucoup moins dense (ce qui implique moins de bruit de klaxon et ceux qui connaissent Katmandou, comprendront tout de suite le bien que ça nous a fait !). La ville a été pour nous d'autant plus calme que là encore on a pu constater de nos yeux la fuite des touristes. Dans le bus, nous n'étions que 4 touristes à descendre à Pokhara. Et une horde de taxi et de rabatteurs d'hôtels nous attendaient de pied ferme. A la sortie du bus, nous nous sommes fait attendrir par un hôtelier qui nous offrait même le taxi si on choisissait sa guesthouse à prix discount post-earth quake. On ne sait pas trop à quel point il a baissé ses prix, car 800 roupies (8€) pour deux, c'est dans la moyenne des prix à Pokhara. Mais on n'a pas cherché à négocier et d'autant plus que l'hôtel était top ! Il avait l'air robuste, était près du lac, les chambres étaient grandes et propres, le wifi rapide et il y avait de l'eau chaude (Harvest Guesthouse). On n'a pas cherché plus loin !

Une fois confortablement installés, il ne nous restait plus qu'à savoir quoi faire. Et la question : repart-on en trek s'est vite reposée. Pour ma part j'étais partagée entre l'envie de repartir, l'envie de dépasser les 3100 mètres et l'appréhension de me retrouver potentiellement dans une vallée étroite ou sur des chemins défoncés, le coût (car on avait déjà payé les permis et un guide pour 20 jours de trek qu'on n'a pas vraiment fait) et l'appréhension d'un nouveau tremblement de terre. On avait entendu dire qu'il y avait encore du mouvement en dessous, mais on ne peut pas savoir quand il se manifestera, dans 3 jours, 3 semaines, 3 mois, 3 ans. Bref beaucoup d'incertitudes et une semaine à occuper.


Jour 1 : Le premier jour nous avons fait le tour du lac Phewa à pied et même si ça parait tranquillou à première vue, c'est quand même 4 bonnes heures de marche et 15 bons kilomètres ! Après quasi deux semaines sans marcher, ça nous a permis de nous remettre en jambe. En plus, si la route longe d'un côté le lac et la campagne, de l'autre côté il faut passer par les montagnes, ça monte donc pour redescendre ! En 4h on a longé les bars de Pokhara installés le long du lac - on se serait un peu cru sur la croisette -, puis des champs en train d'être labourés à l'ancienne (ie à l'aide d'un buffle), puis des petits villages à flanc de montagne. La diversité des paysages et des couleurs m'a beaucoup plu. Gros coup de cœur pour cette balade. Par contre, nous n'avons pas fait techniquement le tour. Vers la fin, au 3/4 du tour, la forêt nous a empêché de continuer. Il faut soit remonter la colline (là où il y a une Pagode de la Paix - cf. jour 2), puis redescendre de l'autre côté pour rejoindre Pokhara (mais ça rajoute 2 bonnes heures de marche), soit comme nous se faire reconduire en bateau (pour 350 roupies à deux - 3,5€). Il ne fallait pas qu'on force trop pour notre reprise !!!


Jour 2 : Ce n'est que le 2ème jour que nous avons statué sur le fait de repartir en trek ou non. Et on a coupé la poire en deux. On a décidé de repartir, mais sur un trek tranquillou pépère. Un trek qui ne nécessiterait ni permis, ni guide, qui serait sécure en cas de grosse réplique, qui ne nous ferait pas gravir des sommets mais traverser la "campagne" népalaise (je mets des guillemets car ici la campagne c'est des étendues vallonnées, des zones où les montagnes ne culminent pas à plus de 2500 mètres !). Nous avons ainsi opté pour le Panchase trek qui permet de faire le tour de la vallée de Pokhara en 4/5 jours. Le reste de la journée (car nous n'avons pas fait que réfléchir !), nous sommes montés jusqu'à la Pagode de la Paix qui domine Pohkara (3 bonnes heures de marche aller-retour). Il  existerait dans le monde 80 pagodes de la paix. Elles ont été construites après la seconde guerre mondiale à l'initiative d'un moine bouddhiste japonais, pour prôner la lutte contre la violence et l'unité de l'humanité. Cette ascension nous a permis aussi d'avoir une première belle vue sur Pokhara.

Jour 3 : 1ère étape de notre trek
      Pokhara (820 m.) => Sarangkot (1 592m)

Ce fut une journée courte en marche (3h) mais intense, car il a fallu les monter les +772 mètres de dénivelés ! Et c'était plutôt raide ! Mais une fois au sommet, on a été plus que récompensés par la vue panoramique sur Pokhara et le lac, et d'autant plus que cette vue ne nous a pas quittés jusqu'au lendemain, car autant de notre chambre que de la terrasse de notre guesthouse (Panoramic View Guesthouse) nous avions une vue imprenable sur Pokhara. A la nuit tombée, les lumières de la ville nous ont éblouies et nous ont rappelés notre soirée sur un des roof top bar de Bangkok. Sauf que là, les prix étaient plus qu'abordables (20$ à deux pour la nuit, le déjeuner, le dîner et le petit-déjeuner). Notre trek a donc commencé très fort ! Comme quoi, pas besoin de gravir des sommets pour s'émerveiller. Seul bémol, un énorme orage a grogné toute l'après-midi juste au-dessus de nos têtes et nous a donc coincés à l'intérieur. Mais au fond, c'était un peu grisant d'être bien au chaud sous la couette à regarder les éclairs et la pluie tombée.


Jour 4 : 2ème étape de notre trek
       Sarangkot (1 592 m) => Bhadaure (1 644 m)

Cette nouvelle journée nous a encore plus émerveillés que la veille car nous avons commencé par le clou du spectacle de l'étape d'hier que l'orage nous avait privé : le belvédère du village de Sarangkot qui offre une vue à 360°C sur la vallée !! De  notre guesthouse nous avions été séduits par la vue sur Pokhara et le lac. Là, d'un seul coup d'oeil on voyait la chaîne des Annapurnas, Pokhara, le lac et la vallée ! C'était vraiment à couper le souffle !




Une fois rassasiés de cette vue, il ne nous restait plus, cette fois-ci, qu'à manger du kilomètre. Contrairement à la veille on n'a pas beaucoup grimpé, mais on a fait un sacré saut de puce sur la carte. Après 5h de marche, nous sommes arrivés à Bhadaure sur les coups de 13h et nous avons posé nos sacs dans la guesthouse qui a, je pense, la plus belle vue du village (Green Hill Guesthouse). De la terrasse nous avions en ligne de mire directe les monts enneigés des Annapurnas et contrairement à la veille, c'était une belle après-midi ensoleillée-bronzette qui nous attendait. Cette belle journée a cependant été troublée par un nouveau tremblement de terre. Nous avons à nouveau bien senti la terre bougée, glissée je dirais même. Mais la secousse a été très rapide et peu forte (vs la 1ère fois). Nous étions en fait cette fois-ci loin de l'épicentre, qui était comme la 1ère fois près de Katmandou. Il n'y a donc eu aucun dégât ni blessé autour de nous. Ce nouveau tremblement a par contre réveillé chez tout le monde, et notamment chez les népalais, une peur qui n'était pas très loin. Nous, sur le coup, vu que la secousse avait été très rapide et faible (vs la 1ère fois), nous avons pensé que c'était une réplique. Une réplique certes plus forte que les autres, mais une simple réplique. On ne pensait pas du coup qu'on s'inquiéterait pour nous en France, et on en est bien désolé...

Jour 5 : 3ème étape de notre trek
         Bhadaure (1 644 m) => Panchase (2 500 m) => Ghatchhina (900 m)

Aujourd'hui on a mixé les deux étapes précédentes, ie on a mangé du dénivelé et des kilomètres. Nous pensions au début couper en deux cette étape en nous arrêtant avant. Mais on avait fait suffisamment bronzette la veille et on était donc motivés pour avancer. Après 7h de marche, je suis quand même arrivée bien cassée à Ghatchhina. Mais ce fut à nouveau une chouette journée. Le matin nous avons grimpé sous les arbres jusqu'au sommet du mont Panchase (à 2 500m). Il a donc fallu attendre d'être arrivés au sommet pour ré-apercevoir les monts enneigés. Ensuite il ne restait plus qu'à redescendre toute la vallée et c'est ça qui a tiré un peu sur les pattes. Le soir, nous avons dormi chez l'habitant et eu l'authenticité que nous cherchions. Nous avons été accueillis à bras ouvert et bien rassasiés par un copieux Dal Bhat maison. Le Dal Bhat c'est le plat népalais par excellence. Dal signifie "lentille" et Bhat "riz". C'est en fait du riz avec tous pleins de légumes cuisinés de différente manière et accompagné aussi d'une soupe de lentilles pour entre autres aromatiser le riz. Ce plat est servi le soir comme au petit-déjeuner, et les népalais en mangent très très souvent. Le lendemain matin j'ai pu pénétrer dans la cuisine de notre famille d'accueil pour apprendre à faire des chapati (cf. page recette). Pendant que la grand-mère faisait ses prières bouddhistes matinales, j'ai ainsi pu aussi apprendre la vie de notre hôte qui en plus d'être maman, de tenir un sacré potager, de faire chambre d'hôte, est aussi professeur dans une école à 1h30 de marche d'ici (il n'y a pas de bus). J'ai été plutôt bluffé par son énergie et sa joie de vivre. Gros coup de cœur pour ce Homestay que je recommande vivement (Peace Panchase Home Stay - Email : hari_doman77@yahoo.com)


Jour 6 : 4ème étape de notre trek
         Ghatchhina (900 m) => Pokhara (800 m)

Nous aurions pu faire ce trajet en bus, mais la route (non bitumée) n'est pas très empruntée et plus agréable à parcourir à pied que dans des bus qui n'ont plus d'amortisseur depuis longtemps. Nous avons longé à nouveau des rizières et le lac Phewa, tout en répondant aux salutations des enfants, on était l'attraction sur leur chemin vers l'école. J'ai aussi pu constater que je me suis bien démusclée depuis qu'on est parti, car j'avais les jambes courbaturées comme après une course de 30km ! Je n'ai pas eu une démarche très fluide pendant ces 3h de marche qui nous ont ramenés à Pokhara city.

Jour 7 : Mes jambes étant encore douloureuses..., on s'est dit qu'une journée culturelle serait la bienvenue. Nous avons donc visité le musée de l'alpinisme de Pokhara et appris que ce sont deux français (Maurice Herzog et Louis Lachenal), qui dans les années 50, ont gravi pour la 1ère fois un sommet de plus de 8 000m. C'était les Annapurnas et ils y ont par contre laissé pas mal de doigts de pied et de main. Sacrée expédition surtout quand on voit le matériel de l'époque. On a appris aussi avec étonnement que les 14 plus hauts sommets du monde, tous présents au Népal, ont tous été gravis entre 1950 et 1960 et que par des étrangers. Peu de népalais ont en fait eu le luxe de monter en haut. Ils aident pour l'ascension mais s'arrêtent avant, sûrement à partir de 7000 mètres, quand il faut alors respirer sous oxygène. Une expédition de cette envergure est en effet très onéreuse, autour de 60 000€ pour monter l'Everest, entre les permis d'entrée, le matériel, les guides et sherpas. Une soixantaine de personnes tentent cette ascension chaque année. Par contre ce qui est désolant, c'est d'apprendre que cette zone, pourtant très difficile d'accès, est très polluée. Les randonneurs ont à cœur de grimper mais pas de transporter leurs déchets qui les alourdissent. Ils laissent donc sur place tentes, réchauds, et autres déchets encombrants. Entre les corps de ceux qui n'ont pas survécus et les déchets, ça fait quand même toute de suite moins rêver, et c'est surtout désolant que même là-haut, l'homme soit capable de tout gâché.

Voilou, au final, une semaine à Pokhara ça file vite ! Il ne nous reste plus qu'à rejoindre Katmandou maintenant pour prendre notre vol vers la Malaisie et arrêter enfin de faire des frayeurs à nos parents et à nos proches !!

2 commentaires:

  1. Coucou!!

    La Malaisie a du déjà vous accueillir pour de nouvelles aventures!!! Vous lire donne vraiment envie de reprendre un sac à dos!!
    Sinon, un petit commentaire quand même pour rappeler que les premiers à être montés au sommet de l'Everest (en 1953) sont le sherpa Tenzing Norgay et Edmund Hillary, respectivement népalais et néo-zélandais et qu'il est clair que ce record n'aurait pas pu avoir lieu sans Tenzing (pour mémoire, si seuls leurs 2 noms sont passés à la postérité, l'expédition avait mobilisé plus de 300 personnes transportant huit tonnes de matériel et a duré deux mois !!!!
    Sinon, j'attends votre retour avec impatience pour partager dal et chapatis avec vous!!
    Bizzzzzzzzzzzzzzzz

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  2. Tres bon blog tous les details
    plain de photos sur le trek Panchase

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