3 avril 2015

Une semaine dans une école au Cambodge

Après des semaines de visite géniales mais passives, nous avons eu envie de nous poser quelque part et d'essayer de faire quelque chose. Nous sommes donc arrivés à CPOC (Center for poor and orphelin children) une association tenue par un cambodgien Mr Kim dont le but est de donner des cours de soutien scolaire gratuitement à tous les enfants qui le souhaitent et d'organiser des activités pour eux (cours de musique, sport etc.). Il y a deux professeurs à temps plein payés par l'association (un d'anglais et un d'informatique), et les bénévoles\volontaires donnent un coup de main pour la gestion et rénovation du centre, l'organisation d'activité pour les enfants (cours de musique, sport, sortie à la mer etc.) et aussi un coup de main en anglais (le cours du matin est géré par les volontaires). Ici en faite le terme de volontaire à tout son sens car nous sommes libre de mettre en place toutes les activités que nous souhaitons (tant que M. Kim est d'accord) et nous sommes entièrement libre et maître de notre degré d'implication (ce qui peut être un peu déroutant surtout les premiers jours).

 

L'association héberge aussi une dizaine d'enfants orphelins ou ayant des situations familiales compliquées. Ces enfants, qui ont entre 10 et 14 ans, sont tous bluffant par leur débrouillardise, gentillesse, joie de vivre & envie d'apprendre. C'est un régale pour tout professeur ici tant ils sont motivés et assidus (et cela même le samedi et le dimanche !).

Au centre, le nombre de bénévoles varie énormément ainsi que la durée de leur séjour. Quand nous étions au centre, nous étions en moyenne 15 bénévoles, ce qui est beaucoup mais pas forcément trop car il y a moyen d'avoir beaucoup de choses à faire. Cela permet aussi en cours de suivre mieux les élèves car ils sont tous mélangés et n'ont pas le même niveau, du coup 3 bénévoles pour 15 enfants ce n'est pas de trop. Cela fait mine de rien une présence pour les enfants et une ouverture sur le monde. Et ça permet aussi de couvrir une partie des frais de centre (chaque bénévole contribuant à hauteur de 2$ par jour). Si en saison sèche il y a du monde, le centre est assez vide en saison humide.... Nous étions tous logés et nourris par le centre, et avec les enfants ça faisait une belle tablée !


Nous sommes nous restés une semaine. C'était notre première immersion dans une association de ce genre et à plein temps, et c'est bien d'y aller en douceur car ce n'est pas forcément évident. Certains volontaires restent plus longtemps (jusqu'à plusieurs mois) et c'est beaucoup mieux pour les enfants, car d'une part ça prend du temps pour créer des liens avec eux et d'autre part, c'est compliqué pour eux de voir des gens arriver et partir tout le temps. Et pour nous, ça a été rassurant, et moins culpabilisant, de savoir que quelques bénévoles sont des piliers pendant quelques temps.

Pendant notre séjour nous avons essayé d'aider comme nous pouvions : nous avons donné un coup de main en cours ; bricolé avec les moyens et outils du bord (il fallait faire de la récup !) ; aidé à la construction d'une nouvelle école sur un autre terrain et joué avec les enfants.


Ci-dessous des photos de nos "constructions" /réparations/améliorations essentiellement en bambou :
  • banc remis en état de s’asseoir
  • protection du fil barbelé à auteur d'homme dans le passage pour aller au champs
  • remise en état de l'étagère à chaussures
  • ajout d'un poids sur le seau du puis afin de faciliter le remplissage du seau
  • fabrication d'une porte pour le future poulailler
  • fabrication d'un étendoir à linge à 4 fils (afin d'éviter que les enfants ne répandent leurs linges sur du fil barbelé)
  • fabrication d'un étagère pour les enfants, afin qu'ils puissent y ranger le peu de vêtements qu'ils ont
  • fabrication d'un jeu de dominos


Guillaume s'est en tout cas bien amusé avec le bambou. Celui ci étant un matériau robuste, peu cher et facile à utiliser.

Outre la motivation et l'envie d'apprendre des enfants, ce qui nous a marqué aussi c'est à quel point on peut en effet faire des choses avec peu de moyens. Nous avons participé à l'organisation d'une kermesse pour les enfants du village et les autres bénévoles m'ont bluffé avec leurs idées : il y avait un jeu de chamboule-tout fait de canettes ; un twister homemade qui rivalisait parfaitement avec un vrai ; une course en sac ; des relais avec des ballons de baudruche etc. Moi j'ai repris l'idée d'un jeu organisé lors d'un séminaire par mon ancienne entreprise : des skis en bois, chaque enfant avait un pied sur chaque morceau de bois et ils devaient synchroniser leur mouvement pour pouvoir avancer. Moins on a, plus on semble créatif (cf vidéo ci-dessous).



Nous avons aussi repris conscience à quel point nous sommes chanceux en France. Certes tout n'est pas parfait, mais nous avons un confort de vie incroyable et des lois qui nous protègent, notamment au travail. L'association était en effet située à une trentaine de kilomètres de Phnom Penh, le long de la route principale en direction du sud. Tous les jours nous avons ainsi vu de nos yeux des "bétaillères" humaines défiler. Ces camions acheminent dès 6h30 le matin des centaines et centaines d'ouvriers en direction des usines au alentour de Phnom Penh, où ils travailleraient 10h/12h par jour, 6 jours sur 7, pour 150$ par mois ou moins, et même si la vie est moins cher qu'en France, c'est très peu (il est facile de trouver des informations avec google - voici un article récent sur le sujet : cliquer ici). Ce qui m'a fait mal au cœur, c'est aussi de réaliser que ces gens, travaillaient peut-être dans des usines qui fabriquent des objets de mon quotidien (vêtements, chaussures, électroménager etc.). En consommant et en cherchant toujours à acheter moins cher, ne participerais-je pas à ce système ? Et même si je n'ai pas de solution à apporter, ça m'a perturbé de voir de mes yeux ces inégalités de vie que, certes, je n'ai pas découvertes, mais que j'oubliais au quotidien. C'est tellement plus simple de détourner le regard et de consommer sans chercher à savoir d'où ça vient.... C'est ce que j'ai toujours fait en France. Réussirais-je à consommer plus éthiquement à mon retour ? J'espère en tout cas au moins garder en mémoire à quel point je suis bien lotie, arrêter de me gâcher la vie pour des bêtises, de me plaindre trop vite et me souvenir que ce n'est pas en consommant, en ayant une garde de robe bien remplie, que je me sentirais accomplie et heureuse.

NB : Si vous avez un peu de temps, vous pouvez aussi regarder cette "série-reportage" que nous avons trouvé sur le net (au moins le 4ème et 5ème épisode). Elles parlent des conditions de vie des travailleurs dans l'industrie du textile et même si nous n'avons pas visité d'usine, de nombreuses images nous ont parlé. Par contre, ne la regardez pas si vous comptiez aller faire les soldes.... Cliquer ici.

 

Car cette expérience m'a en effet aussi appris, qu'on peut bien vivre sans tout le confort auquel on est habitué. C'est en fait ce qu'on fait et avec qui on est qui compte le plus. J'avoue qu'en arrivant au centre et en voyant qu'il fallait aller chercher l'eau au puits, qu'il n'y avait pas vraiment de douche (et le plus souvent au final nous sommes allés nous laver dans le lac), qu'on n'avait pas de ventilo (et il fait chaud la nuit), qu'on dormait pas loin des cochons (ça sent fort en plus de faire du bruit) etc., j'ai un peu tiré la langue. En même temps que je faisais ma fine bouche, je me suis sentie terriblement coupable car cette vie c'est le quotidien de ces enfants et de beaucoup de gens ici. Et puis, au fur et à mesure que les jours passaient, je me suis habituée à l'odeur des cochons et sentie vraiment bien, car tout autour de moi était paisible. Les enfants étaient des crèmes d'enfants, et nous rendaient au centuple toutes les petites actions qu'on pouvait faire pour eux. Les autres volontaires étaient tous des gens géniaux dont il était agréable de partager le quotidien. On mangeait certes tous les jours du riz, mais bien cuit, à notre faim et agrémenté de légumes de saison. Il y avait donc tout en faite, pour se sentir bien. Et si des biens matériels auraient pu améliorer nos conditions de vie, ils n'auraient pas constituer l'essence même de ce qui nous faisait nous sentir bien.


C'était la première fois pour nous deux, que nous participions à un projet associatif de ce genre, et si une semaine c'est, nous en avons conscience, trop peu pour les enfants, c'est néanmoins déjà un bon début. Car l'idée de s'investir à fond auprès des enfants et de devoir les quitter n'est pas facile à appréhender. Nous avons été présent comme nous pouvions mais nous ne nous sommes pas rendus indispensable, car je ne me sentais pas le courage de devenir un pilier momentanée. Cette expérience nous a en tout cas ouvert les yeux sur beaucoup de choses et de possibilités à notre retour. C'est difficile à expliquer, mais je me sens un peu différente aujourd'hui : plus ouverte et flexible. ça m'a donné une petite claque et c'est ce que je pense j'étais aussi venu chercher.

En tout cas cette expérience dans une école avait d'autant plus de sens que ce qui nous a frappé depuis qu'on est au Cambodge, c'est l'envie d'apprendre des Cambodgiens et notamment l'anglais. Dès leur plus jeune âge, les enfants des villes comme des villages savent dire "Hello" ; "What is your name ?" ; "Where do you come from ?". Les cambodgiens ont bien conscience que le massacre des élites intellectuels par Pol Pot entrave le développement actuel de leur pays et ils ont à cœur d'apprendre pour rattraper le temps perdu. Ce pays, saccagé et privé d'éducation sous Pol Pot, prend aujourd'hui sa revanche et a une soif d'apprendre qu'on ne peut qu'avoir envie d'aider.

Ci-dessous la vidéo qu'un des volontaires de l'association a réalisé lors à la kermesse organisée par l'association pour les enfants du village, à laquelle nous avons participé.

NB : Si vous voulez soutenir cette association, vous pouvez faire un don en ligne, dans la rubrique "Donation" du site de l'association. Vous aurez au moins la garantie que votre argent va bien intégralement au profit des enfants et de l'association.



4 commentaires:

  1. Coucou les globe-trotters!!!
    Sympa cette expérience dans ce centre.. En plus je vois que Guillaume a pu jouer les MacGyver avec brio!!!
    Sinon, effectivement, ce genre d'expérience remet les pendules à l'heure, et je suis d'accord avec toi, Béné, il y a des claques qui, au fond, sont plutôt bienvenues!!! L'enthousiasme et l'énergie des enfants dans les contextes les plus "trash" m'ont toujours donné à réfléchir... et ne m'ont pas rendue très tolérante vis à vis de nos têtes blondes égo-centrées!!
    Sinon, un bon moyen de se rendre compte du pouvoir d'achat local est de demander à combien est le kilo de riz pour les autochtones, quand on compare avec le salaire quotidien, cela laisse souvent rêveur, surtout que tu peux oublier allocations et sécurité sociale...
    A bientôt de vous lire, c'est toujours passionnant, bisouxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx
    Nizzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzz

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  2. Bravo pour cette belle expérience et merci pour les beaux sourires de la vidéo! Bisous

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  3. Bravo pour cette belle expérience et merci pour les beaux sourires de la vidéo! Bisous

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  4. Rassure toi Béné, cette belle rencontre avec ces enfants orphelins ne s'oublie pas.J'ai partagé une expérience similaire ,et je t'assure que quelque chose ou quelqu'un te botte le cul tout au long de ta vie pour ne pas oublier .
    Pour consommer autrement c'est certainement plus compliqué ,mais cela vaut le coup ;
    Bravo et merci à tous les deux de partager cette belle aventure passionnante
    Papet Louis .

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