8 octobre 2015

Episode 2/3 - Notre expédition vers le Machu Picchu : Choquequirao => Agua Caliente

Jour 3 : Choquequirao (2 900 m.) => Maizal (3 000 m.)
Etape de 9 h (pauses inclues) : + 1 500 m dénivelé positif  / - 1 400 m dénivelé négatif

C'est une nouvelle grosse étape qui est devant nous. Pour aller jusqu'au Machu Picchu, il nous faudra passer plusieurs cols. Aujourd'hui, il nous faut donc à nouveau redescendre dans la vallée, au pied du rio Blanco, pour remonter ensuite... !

Toujours de bonne heure (6h15) nous avons levé le camp et commencé la journée par une petite grimpette de 370 m jusqu'au col du Choquequirao (3 272 m).
NB : C'est le seul moment du parcours où le chemin n'est pas explicitement indiqué. Du camping, il y a en effet plusieurs chemins qui montent vers le site. Il vaut donc mieux demander au gardien du camping la direction à prendre pour se rendre à Maizal.

Une fois au col du Choquequirao, on a pu admirer une dernière fois ce site fabuleux. Puis on lui a tourné le dos en direction du Machu Picchu.


Ensuite, et bien, il a fallu redescendre (- 1 400 mètres jusqu'au rio). Ce qui a été frustrant c'est que, tout au long de la descente, on a eu le loisir d'admirer le chemin qu'on allait devoir remonter par la suite. Et, vu qu'il y avait peu de virage, on a vite pressenti que la montée allait être sacrément raide (cf. photo ci-dessous).


En descendant, on a croisé d'autres ruines, (les terrasses de Pinchaunuyoc). Là encore, ces ruines s'offrent littéralement aux randonneurs. Personne ne les surveille. Seule une petite barrière censée éloigner les animaux barre la route. Malheureusement, les randonneurs ne sont pas tous respectueux... Certains ne se sont pas gênés pour y faire du feu et laisser tous leurs déchets...


Une fois arrivés au rio, on s'est vraiment senti au fond d'un gouffre et on n'avait pas d'autre choix que de remonter (d'un côté ou d'un autre !). Après avoir rechargé nos gourdes et nos batteries, on s'est donc armé de courage et on a commencé à remonter. On avait 1 100 mètres de montée devant nous. Il commençait à faire chaud, mais heureusement le parcours était par moment ombragé.
Après 3h d'effort, on est enfin arrivé au camping de Maizal (le camping Valentin). Il est tenu par une famille péruvienne et domine la vallée. On s'est alors redit, que tous ces efforts valaient vraiment la peine, car de là-haut, on avait eu une vue imprenable sur la vallée.


Informations pratiques :

- Nous avons dormi au camping Valentin de Maizal (3 soles par tente + 2 soles par douche).
- On peut y acheter des boissons mais pas de nourriture.
- Il est possible de manger chez l'habitant avec eux, mais ils ne font pas officiellement restaurant.

Jour 4 : Maizal (3 000 m.) => Yanama (3 500 m.)
Etape de 5 h : + 1 100 m. de dénivelé positif / -600 m. de dénivelé négatif

Ce matin, ça commençait mal. Dès 4h30 j'ai été réveillée, par la pluie... Et c'était d'autant plus une mauvaise nouvelle que j'avais eu la bonne idée la veille de laver mon pantalon, mon unique pantalon... Contrairement aux autres matins, à 6h, nous étions donc toujours dans nos duvets. Moi en train de ronchonner à l'idée de porter un pantalon mouillé. Guillaume en train d'essayer de se rendormir malgré la pluie. A 7h, on a fini par petit-déjeuner sous la tente. Pas de porridge ce matin. On s'est goinfré de gâteaux avec du dulce de leche (confiture de lait). Ça n'a pas fait sécher mes fringues, mais ça m'a un peu remonté le moral. A 7h30, il a enfin arrêté de pleuvoir. J'ai enfilé mon pantalon trempé, en grognant d'autant plus que je venais de découvrir que mes chaussures avaient pendant la nuit glissées de sous la paroi de la tente et étaient donc trempées elles aussi... J'ai donc eu les pieds et le cul mouillés toute la matinée ! Ça m'apprendra à vouloir être propre en randonnée !

Une fois le campement levé, on a recommencé à grimper. On avait à nouveau plus de 1 000 mètres à monter. Mais même si cette fois, ça a été en pente douce, ils n'ont pas été plus facile pour autant. J'avais l'impression de ne pas en voir le bout. Ce qui était dur psychologiquement c'est qu'on ne voyait pas la fin du chemin. On ne savait donc pas jusqu'où on allait devoir encore monter. On savait juste qu'il fallait qu'on franchisse cette barrière de montagnes. Et mon cerveau s'est un peu méchamment amusé  à me faire croire à chaque virage que c'était bientôt fini, alors qu'il n'en était rien.... 


A 11h30, on est enfin arrivé au col de San Juan, à 4 150 m. Un petit abri y est installé et on a eu de la chance car au moment même où on y est arrivé, il s'est remis à pleuvoir. Une pause dej s'est donc imposée !

Ensuite nous n'avions plus que 600 mètres de descente en pente douce. Easy !


On a donc vite gagné le village de Yanama, qui marquait pour nous un petit retour à la civilisation. Ce village est en effet accessible depuis peu par la route. On a pu y racheter quelques victuailles, du pain et réserver un taxi pour le lendemain... Avant de partir, nous avions en effet lu sur des blogs qu'il était possible à Yanama de prendre un transport pour s'économiser une grosse journée de marche. On s'était donc dit que suivant le prix et notre forme, on sauterait peut-être une étape !

A Yanama, on en a aussi profité pour se reposer. Pour une fois, nous étions arrivés tôt au camping (13h). On a donc pu se prélasser au soleil dans l'herbe tendre du camping et faire sécher nos fringues. Enfin, c'est surtout moi qui me suis reposée. Nous étions dimanche, le jour du match de football hebdomadaire du village. Et quand on a proposé à Guillaume de se joindre au groupe, il n'a pas pu refuser. Il a par contre bien craché ses poumons. Car traverser le terrain en courant à 3 500 mètres d'altitude, ça n'a pas le même effet sur l'organisme que sur le plancher des vaches, et cela même quand on est acclimaté.


Informations pratiques :

- Nous avons dormi et dîné au camping Choquequirao et on vous recommande vivement d'y manger. Pour 10 soles par pers. (soit 2,8€), on y a mangé un succulent poulet frit ! Et les portions étaient plus que copieuses (heureusement, car pour ma part, je m'étais rarement sentie aussi affamée !).
- De Yanama nous avons réservé un taxi pour le lendemain matin en direction du village de Collpapampa pour 50 soles pour 2 pers. (soit 14€). 

Jour 5 : Yanama (3 500 m) => Playa (2 100 m)
2h de voiture puis 3h de marche entre Collpapampa et Playa (- 700 m de dénivelé négatif à pied)

A 7h, nous étions, fidèles au rendez-vous donné par le taxi, prêts à partir. A 7h15 le chauffeur est arrivé. Plus qu'heureux de ne pas avoir à monter à pied jusqu'au col de Mariana Llamoja à 4 660 m, on s'est engouffré comme des sauvages dans la voiture. Mais le chauffeur nous a tout de suite demandé de sortir. Sur le coup, on n'a pas compris. Puis quand on a entendu le moteur tourner dans le vide, on a compris qu'on n'allait pas partir tout de suite. Là, le chauffeur nous explique que le moteur est trop froid pour démarrer tout seul. Et il nous demande de pousser la voiture dans la descente. On s'exécute. Mais malheureusement, après quelques tentatives, on entend bien que ça ne prend pas. Le chauffeur nous demande alors de remonter la voiture pour recommencer. Manœuvre qu'on effectuera plusieurs fois, en vain. Mais notre chauffeur ne perd pas espoir. Nous on essaye de se convaincre qu'il doit avoir l'habitude et que la voiture va finir par démarrer. Mais on commence quand même à craindre un peu de devoir finir par marcher (car ça semblait la seule voiture disponible du village). En tout cas, il a, par la suite, tenté toute une panoplie de méthodes qui nous ont toutes fait bien rire. Il a :

  • allumé un feu sous le moteur ;
  • ouvert le capot pour que le soleil chauffe le moteur ;
  • sorti les bougies pour les faire chauffer au soleil ;
  • été cherché un miroir pour que les rayons du soleil chauffent plus vite le moteur ;
  • remplacé l'eau du radiateur par de l'eau chaude (ici pas de liquide de refroidissement) ;
Après 1h30 d'attente, on a quand même fini par le sentir à court d'idées. 


C'est alors qu'une autre voiture est arrivée et ça a été la clef. Non pas parce qu'on est monté dedans, mais parce qu'elle a tracté la voiture sur une centaine de mètres, le temps que le moteur démarre enfin ! Et là, on s'est dit qu'il ne fallait surtout pas qu'il cale dans la montée !!!

En tout cas, on a été bien soulagé de pouvoir partir en voiture et d'autant plus quand qu'on a parcouru la longue montée qu'on aurait dû sinon marcher. Au sommet, à 4 660m, la brume s'était levée et il semblait y faire un froid de canard. On n'a vraiment pas regretté d'avoir fait nos fainéants.

Arrivés à Collpapampa, après 2h de route, le chauffeur nous a déposés aux sources chaudes du village qui sont sur le chemin de randonnée. Avant de partir en direction de Playa, Guillaume, en compagnie de deux autres belges qui faisaient le même parcours que nous et qu'on a retrouvé chaque soir, s'y sont prélassés. Moi, la couleur de l'eau et un petit vent frais ne m'ont pas inspirés.


Ensuite, nous avions quand même un peu de marche devant nous. Mais que de la descente et en pente douce ! 

Vers 15h nous sommes arrivés au village de Playa, et nous avons pu y acheter quelques provisions. Nous avons par contre eu la mauvaise nouvelle de se faire accueillir par des hordes de petites mouches qui piquent. Nous les avions déjà rencontrées les jours précédents, mais pas dans ces quantités-là. Ce sont des tout petits moucherons hyper vivaces qui vous piquent en deux secondes. De leur passage, ils laissent une petite tache de sang qui finit, quelques heures après, par vous démanger voire par gonfler parfois. Ce sont des vraies saloperies. Le seul point positif, c'est qu'ils sont trop petits pour piquer à travers les vêtements. Mais même bien couvert, ils arrivent toujours à leur fin, en piquant sur les doigts ! 

Nous n'avons pas campé à Playa même, mais au début du chemin vers Hydroelectica. On avait en effet lu sur des blogs qu'il était plus sympas de s'éloigner un peu pour être au milieu des plantations de café. On s'est donc avancé de 3 km sur notre étape du lendemain et on a posé notre tente au 1er camping au tout début du chemin. On espérait avoir semé les mouches qui piquent en chemin. Malheureusement, à peine arrivés, on a réalisé qu'elles avaient envahies toute la région. Une fois douchée, je suis donc restée cloîtrée dans la tente à bouquiner. Je les entendais se butter contre la toile de tente. Et j'ai attendu 18h pour sortir de mon trou. Car étonnamment, de 18h à 6h du matin (i.e. la nuit), elles disparaissent. Comme si elles étaient programmées pour nous pourrir la vie pendant 12h, puis mourir.

Informations pratiques :
- Il y a plusieurs campings sur le chemin en direction d'Hydroelectrica. On s'est arrêté au premier, mais si vous continuez 300 mètres plus loin, il y en a d'autres au milieu des plantations de café. Avis d'ailleurs aux amateurs : pour 3 soles vous pourrez boire un vrai café avant de partir trekker.
- A Playa, il y a plusieurs petites boutiques où on peut trouver un peu de tout, une pharmacie et même un centre de soin.

Jour 6 : Playa (2 100 m) => Agua Caliente (2 050 m)
Etape de 8h (pauses inclues) : +900 m. de dénivelé positif / -850 m. de dénivelé négatif

Au réveil, on n'a pas été mécontent de se dire que c'était la dernière étape de notre trek. Nous avons adoré les paysages et le parcours, mais après 6 jours dans les montagnes a enchaîné les montées et descentes, à dormir sur un matelas de sol et à prendre des douches froides, on se plait à rêver d'un bon lit douillet et surtout d'une bonne douche chaude !

Avant cela, il nous fallait encore monter pour redescendre ! Mais ça a été la montée la plus douce et facile du trek. Du sommet, on aurait par contre dû avoir le luxe d'apercevoir le Machu Picchu. Malheureusement les nuages étaient de la partie. Ce Machu Picchu qu'on aura mis 6 jours de marche à atteindre se fait attendre !!

Une fois à Hydroelectrica, nous avons commencé à longer cette fameuse voie ferrée qui mène à Agua Caliente, la ville la plus proche du Machu Picchu. Et ça a été évidemment, la partie la moins fun du trek. Pendant 2h30, on a marché à côté des rails, et il n'y a même pas un sentier de tracé pour les piétons. Par moment il y a plus de place à gauche des rails, par moment à droite. On passe donc son temps à enjamber les rails pour trouver le passage le plus confortable. On est pourtant autour de 500 personnes à la longer chaque jour pour ne pas payer le train une fortune.


En tout cas on a été vraiment content quand on a aperçu le village d'Agua Caliente qui marquait la fin de ces satanés rails et de notre expédition. Et, bien que très touristique, on a étonnamment bien aimé ce village. On y a retrouvé l'ambiance d'une station de ski dans les Alpes. Par contre, ça ne ressemble en rien au Pérou. C'est un microcosme de touristes. 


On a pu y trouver un petit hôtel pas trop cher (40 soles pour 2 pers., soit 11€) avec wifi et douche chaude ! Une fois propre, la première chose qu'on a faite a été d'aller acheter nos tickets pour le lendemain pour le Machu Picchu (142 soles par pers. - inclus la Montaña, soit 39€). Etant donné qu'on ne savait pas combien de temps on allait mettre pour atteindre Agua Caliente et qu'on était en basse saison touristique, on a préféré acheter nos billets la veille plutôt que de Cusco. Et on a bien fait, car en visitant le Choquequirao dès le 2ème jour et en prenant un taxi à Yanama, on a gagné 2 jours sur notre planning initial.

Le soir venu, pour fêter notre trek, on s'est offert un petit Pisco Sour ! On ne pouvait de toute manière pas quitter le Pérou avant d'avoir goûté ce cocktail typique à base de Pisco et de jus de citron. En tout cas, après 6 jours de marche et à 2 000 mètres d'altitude, après seulement un petit verre, on a eu un peu la tête qui tourne !


Informations pratiques :

- A Agua Caliente tout coûte cher, surtout la nourriture et les restaurants. Si vous faites attention à votre budget et que vous avez de la place dans votre sac, on vous conseille de faire vos courses à Playa.
- Il y a quand même une solution économique à Agua Caliente : manger au marché avec les locaux (8 soles par pers., soit 2,2€, pour une soupe et un plat).

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