5 octobre 2015

Episode 1/3 - Notre expédition vers le Machu Picchu : Cusco => Choquequirao

Après avoir gambadé 3 jours dans le Canyon de Colca, nous sommes revenus sur Arequipa et nous avons pris, le soir même, un bus de nuit en direction de Cuzco, notre dernière étape au Pérou. Et ce ne sera pas la moindre, car qui dit Cuzco dit évidemment le Machu Picchu ! Cependant pour l’atteindre sans casser sa tirelire, ce n’est pas une mince affaire. 


Trois options s’offrent aux voyageurs pour accéder à ce monstre de l’histoire.

1. Y aller en train. La ville la plus proche du site (Agua Caliente) n’est en effet accessible qu’en train. NB : Pourtant on a pu constater qu’il y aurait la place de faire une route et facilement. Mais ces messieurs de la compagnie ferroviaire n’ont aucun intérêt à simplifier l’accès...
Cette option est la plus rapide et facile, mais c’est aussi évidemment la plus chère. A partir de $120 l’aller depuis Cusco (et pourtant Agua Caliente n’est qu’à une centaine de kilomètres…). Autour du Machu Picchu, comme on le verra par la suite, les touristes sont vraiment pris pour des pigeons.

2. Y aller en transport en commun depuis Cusco. Entre 40 et 50 soles par pers. (soit entre 11€ et 14€ l’aller). Compter 6 bonnes heures de trajet en mini-van jusqu’à Hydroelectrica + 2h30 de marche à pied le long de la voie ferrée jusqu’à Agua Caliente.

3. Y aller à pied. Là encore, ça peut coûter cher si on veut faire le mythique trek des incas (autour de $400 à $500 pour 4 jours). Et surtout, il faut prévoir son coup longtemps à l’avance. Les places sont limitées (à 500 pers. par jour) et prises d’assaut 6 mois à l’avance. Mais il existe aussi au moins deux autres chemins de randonnée libre d’accès : le Salkantay (4 jours) et le Choquequirao (entre 6 à 9 jours). Nous, nous avons choisi le plus long, i.e. le Choquequirao. Non pas parce qu’on est des fous furieux de randonnée, mais parce que ce trek permet de voir deux sites incas (le Choquequirao et le Machu Picchu), qu’il est beaucoup moins touristique, et aussi parce qu’apparemment d’ici quelques années, le gouvernement péruvien voudrait développer le site du Choquequirao en y installant un téléphérique. Ce site n’est à date que très partiellement mis à jour (seulement 30% des ruines seraient dégagées), mais il serait, d’après les experts, beaucoup plus grand que le Machu Picchu. Le seul problème à date, c’est que pour visiter le Choquequirao on ne peut y aller qu’à pied (ou à dos d’âne) et c’est 2 jours de marche sportive allée minimum. Ce qui, à date, limite beaucoup le flux touristique.

Mais avant de partir trekker, nous avions pas mal de shopping à faire à Cusco. Tout d’abord il nous fallait acheter du matériel de camping (indispensable car il n’y a pas d’hébergement sur le parcours). Nous aurions pu tout louer, mais comme nous savons que nous allons faire beaucoup de camping par la suite (surtout au Chili et en Argentine, car les hôtels vont y devenir chers...), autant tout acheter dès à présent. Et au final, ça a été le bon plan d’acheter notre matériel à Cusco, car on a pu tout acheter d’occasion. Officiellement, les boutiques de trekking (très nombreuses à Cusco) ne vendent que du neuf. Mais à partir du moment où les vendeurs comprennent que vous n’allez pas acheter du neuf car c’est trop cher, ils vous ouvrent l’arrière-boutique et on peut tout trouver d’occasion.

Nous avons ainsi acheté d’occasion :

           - Une tente deux places : 100 soles (soit 28€), vs. 350 soles pour une tente neuve (soit 100€)
         - Deux duvets en plume -10°C : 280 soles les deux (soit 80€ les deux), vs. 380 soles pour un duvet neuf en plume (soit 108€) 
      - Une paire de bâton de randonnée : 20 soles (soit 6€), vs. 50 soles en neuf (soit 14€). Malheureusement, ils ne m’ont pas beaucoup servi car je les ai bêtement perdus le premier jour…. Je les ai oubliés à la station de bus de Cusco… Au final, on a donc opté pour les bâtons en bois qu’on trouve en chemin et ça fait très bien l’affaire. C’est un peu moins confortable mais l’avantage c’est qu’on n’a pas besoin de se les trimbaler entre deux treks !
          - Deux matelas de sol : 10 soles chacun (soit 2,8€), vs. 20 soles en neuf (soit 5,6€)

Il ne nous restait plus qu’à acheter au marché une casserole et son couvercle (pour 16 soles, soit 4,4€) et on a été paré !

Bilan de nos achats camping : 336 soles soit 96€. Nous qui craignions en avoir pour au moins 300€, on s’en est plutôt bien sorti.

Et pour notre réchaud, on a opté pour la solution Mac Gyver ! i.e. le réchaud home made. On s’est acheté une canette de Coca, qu'une fois vide Guillaume a transformée en un réchaud ultra light (10 gr). Il fonctionne avec de l’alcool à brûler, qui est facile à trouver et pas cher. Bref, pour nous voyageurs à petit budget mais gros sac à dos, ça a été la solution idéale. Certes on ne peut pas régler la puissance du feu, mais pour de la cuisine de camping qui se résume à faire chauffer une soupe et cuire des pâtes ou du riz, ce n’est pas gênant du tout.

Si vous aussi, vous voulez vous construire un réchaud home made, suivez le lien.


Une fois notre matériel de camping acheté, il ne nous restait plus qu’à acheter quelques victuailles. Nous n’avons pas eu à prendre de la nourriture pour tout le trek, car il est possible à certains endroits d’acheter quelques produits de base (pâtes, gâteaux, thon, etc.) et/ou de manger chez l’habitant. Nous sommes donc partis avec des encas - très important (!) - (4 sachets de pop-corn & 24 barres de céréales) et avec de quoi se cuisiner : 

           - 4 dîners : 4 soupes en sachet, 2 sachets de nouilles chinoises instantanées, 500 gr de pâtes, 500 gr de riz, 2 sachets de concentré de tomate, 1 oignon & un sachet d’épice
            - 6 petits-déjeuners : une boîte de confiture de lait, 1 paquet de gâteaux, quelques petits pains, 300 gr de flocon d’avoine aromatisés à la cannelle, 300 gr de sucre & quelques sachets de thé
            - 4 pique-niques : 4 boîtes de thon, un sachet de pain de mie, quelques petits pains, 4 carottes, 6 tomates & 4 pommes.

Bref inutile de dire qu’on était tous les deux plutôt bien chargés ! Evidemment, on a laissé une partie de nos affaires à notre hôtel à Cusco, mais entre le matériel de camping, quelques polaires et affaires de rechange, la nourriture et l’eau, on s’est senti bien lourd dans les montées !

Jour 0 : Cusco => Cachora (départ du trek)

Après avoir effectué au pas de course sur une journée tous nos achats, il ne nous restait plus, le lendemain, qu’à partir en direction du village de Cachora, le village où commence le chemin de randonnée. Pour cela, nous avons pris un bus en direction de la ville de Abancay (20 soles par pers., soit 6€ - 4 h de bus) et nous avons demandé au chauffeur de nous déposer au croisement avant Cachora. Nous n’étions alors plus qu’à 13 km du village de Cachora. Nous aurions pu les parcourir à pied (d’autant plus que c’est en descente). Mais comme il y avait des taxis qui nous attendaient et qu’on allait beaucoup marcher sur les jours à venir, on s’est donc laissé conduire (pour 20 soles à deux, soit 3€).

Une fois à Cachora, un petit village ultra tranquille où les habitants sont tous plus sympathiques les uns que les autres, on a laissé couler l’après-midi en profitant de la magnifique vue sur la vallée tout en mangeant du pop-corn. On se sentait comme au bout du monde. NB : Le pop-corn c’est incontournable au Pérou, et le meilleur c’est celui à base de grain de maïs géant. Il ressemble à des dents (car il n'éclate pas) et on peut en manger des tonnes sans s’en lasser.


Le soir venu, on est allé manger au restaurant du village, qui a ouvert pour nous et pour 10 soles chacun (soit 2,8€) on a mangé un repas de roi : un énorme morceau de poulet, des frites, du riz (et oui au Pérou c’est toujours frites et riz !) et un maté à la coca pour faire couler le tout. De quoi avoir de l’énergie pour la grosse journée de marche qui nous attendait le lendemain.

Hébergement à Cachora : La Casona Ocampo Hospedaje (30 soles à deux avec salle de bain privée et eau chaude). Très bonne adresse et notamment parce que le proprio est très sympas. Il nous a très gentiment donné des conseils pour notre trek et même dessiné une carte du chemin jusqu’au Choquequirao.

Jour 1 : Cachora (2 900 m.) => Santa Rosa Baja (2 100 m.)
Etape de 10h (pauses inclues) : -1 700 m. de dénivelé négatif / +900 m de dénivelé positif.

Sachant la grosse étape qui était devant nous, nous sommes partis à la fraîche au saut du lit (6h) en se disant qu’on prendrait notre petit-déjeuner en chemin pour que ça nous fasse une pause. Nous avons facilement trouvé le début du chemin qui est très bien indiqué. Trop confiants, nous avons par contre par la suite failli louper un embranchement alors qu’un énorme panneau nous indiquait de virer à gauche. Heureusement, un villageois qui avait noté nos mines de touristes s’est douté de notre erreur et nous a tout de suite remis sur le bon chemin. On a eu de la chance car on était parti pour descendre dans le canyon alors qu’il fallait le contourner par le haut !

Après à peine une petite heure de marche, nous avons atteint le village de Colmena où un monsieur, que nous avions croisé la veille à Cachora nous a invité à prendre le café chez lui. Là on s’est dit que si tous les gens qu’on allait croiser étaient aussi sympas, on était loin d’être arrivé ! Il nous a montré une maquette 3D de la région et appris que Nicolas Sarkozy était ultra médiatique au Pérou, notamment grâce à Carla (apparemment les péruviens sont fana de sa musique). Par contre, à un moment il s’est mis à sortir de sa poche un morceau de viande cuite et là j’ai eu un flash du film les Bronzés font du ski, tout en ayant un petit haut-le-cœur. Je ne me voyais pas refuser le morceau qu’il me tendait et en même temps je ne me voyais pas non plus le manger. C’était du cerf salé et, contre toute attente, même à jeun, c’est super bien passé. Comme quoi, il ne faut pas se fier aux apparences.

Arrivés à Huayhuacalle (où il y a une aire de camping et un restaurant), ça faisait plus de 2h qu’on était partis et, il était donc temps de prendre enfin notre petit-déjeuner. De là, on voyait nettement le rio au fond de la vallée, le rio que nous devions atteindre 1500 mètres plus bas. Et même si on savait qu’on avait une énorme descente qui nous attendait, c’était quand même impressionnant de voir ce que ça représentait. Ça nous a pris 4h pour tout descendre, et même si la pente était relativement douce, j’avais les jambes et les genoux tout flageolants quand on est arrivé au camping du rio. 


Là, une pause dej s’imposait et on a pris d’autant plus notre temps qu’une montée raide de 600 m sous le cagnard nous attendait juste après. Je l’appréhendais cette montée et elle n’a pas franchement été une partie de plaisir…

Vers 16h on a atteint non sans joie le camping de Santa Rosa Baja, et il aurait fallu me payer cher pour me faire faire un pas de plus !


Informations pratiques :

- Prix du camping : 5 soles par tente accès à la douche et aux toilettes inclus
- Il est possible d’acheter quelques victuailles et de manger chez l’habitant pour 10 soles par pers., soit 2,8, (ce que nous avons fait).
- A refaire, on aurait commencé le trek le jour de notre arrivée à Cachora en dormant non pas à Cachora mais à Huayhuacalle. La première journée est longue en kilomètres et en dénivelé, et on aurait mieux fait de s’avancer un peu au lieu de s’empiffrer de pop-corn ! Pour notre décharge, on ne savait pas qu’il y avait un camping sur la route si près de Cachora.

Jour 2 : Santa Rosa Baja (2 100 m.) => camping du Choquequirao (2 900 m).
Etape de 4h jusqu’au camping + 5h de visite sur le site : +800 m de dénivelé positif (sans compter les montées et descentes lors de la visite du site)

Le lendemain de bonne heure, il était temps de lever le campement. Mais avant ça, nous avons testé pour la première fois notre réchaud home made ! La bonne nouvelle c’est que ça a marché ! On a pu se faire chauffer de l’eau pour le thé et faire cuire nos flocons d’avoine. La mauvaise nouvelle c’est que ça consomme plus que prévu. On est parti avec un demi-litre d’alcool et avec un petit-déjeuner seulement, la bouteille s’est déjà bien vidée…. Ça sera donc notre unique thé du trek…! Et il va falloir qu’on cuisine en mode économie d’énergie !

A 6h15, nous étions en route. La journée a commencé fort, car nous avions 800 mètres de dénivelé positif devant nous et c’était la même pente qu’hier, i.e. toujours aussi raide. Mais ya pas à dire, à la fraîche et bien reposé, ça passe quand même mieux. 

Vers 9h30 nous avons atteint le village de Marampata (2 918 m.), notre dernier point de ravitaillement jusqu’au village de Yanama (qui est à deux jours de marche). 


Nous y avons donc acheté quelques galettes salées pour compléter les pique-niques à venir et deux pommes pour varier des féculents. Ce village est à 1h de marche du site du Choquequirao, et quasiment à la même altitude. On pensait donc que le plus dur était dernière nous, et d’autant plus que la péruvienne chez qui nous avons acheté nos gâteaux, nous avait dit que maintenant jusqu’au camping du site « todo es plano » i.e. c’est plat. Eh bien, c’est du plat à la péruvienne car nous on a trouvé que ça ne faisait que monter pour redescendre !

En tout cas à 10h30 on était bien comme prévu au camping du site où nous avons pu, avec jubilation, poser nos sacs et monter notre campement. Mais la journée était loin d’être finie. Car le camping du site est à environ 300 mètres en dessous des ruines principales. Après une petite pause, et avec juste un petit sac à pique-nique, c’était donc reparti pour une demi-heure de bonne grimpette jusqu’à la place principale. Et une fois en haut, on n’a pas regretté cette journée et demie d’effort. Pendant 5h nous avons en effet vadrouillé quasiment tout seul et où bon nous semblait parmi ses ruines qui s’offraient littéralement à nous. C’était comme si on était les premiers à les découvrir. Vu que ça monte et ça descend tout le temps et qu’on n’avait pas de plan pour optimiser nos déplacements, on a pris notre temps. On s’est fait une pause-déjeuner sur la plate-forme du site qui dominait tout. Bref, on a plus que savourer le luxe d’être parmi les 15 touristes par jour à visiter ce site.






Une fois repus de ruines, on est redescendu au camping. Après une petite douche (froide…), une petite lessive, nous avons cuisiné notre premier dîner avec notre réchaud, qui à nouveau ne nous a pas déçu. Pour économiser le carburant, on a essayé plusieurs techniques. On a mis nos gourdes d’eau dans nos duvets pour que l’eau ne soit pas glacée. On n’a pas attendu que l’eau boue pour mettre les pâtes. Et une fois les pâtes à peine cuites, on n’a pas relancé le réchaud en préférant attendre sagement qu’elles finissent de cuire toutes seules dans leur eau de cuisson. Faut innover quand on n’a pas assez de carburant ! 

Une fois rassasiés, on s’est glissé dans nos sacs de couchage et on ne s’est à nouveau pas fait prier pour s’endormir comme des masses (enfin surtout moi). Pour l’instant, on a l’agréable surprise de ne pas avoir froid la nuit. Espérons que ça continue !

Informations pratiques :

- Prix de l'entrée du site du Choquequirao : 37 soles par pers., soit 10€.
- Au camping du Choquequirao, on ne peut rien acheter ni manger chez l'habitant. Il faut donc faire ses courses à Marampata, et d'autant plus que jusqu'à Yanama (qui est à 2 jours de marche), il faut être autosuffisant en terme de nourriture.
- Entre les villages de Cachora et Yanama, on ne peut pas acheter de pain. Par contre, on peut acheter des galettes salées, style crackers.


2 commentaires:

  1. Merci pour cette jolie découverte du Pérou , et bravo pour le camping gaz .Que de belles photos avec de belles couleurs, seul bémol mon Guillaume je n'en dit pas autant de short qui commence sérieusement à pâlir ! Bisous à vous deux et bon vent pour la suite ...........
    Papet louis

    RépondreSupprimer
  2. C'est mon short de l'année! ;) il est vrai qu'il commence à palir, mais il reste néenmoins encore un peu de couleur. On verra bien l'état à notre retour ;)
    bisous

    RépondreSupprimer