23 octobre 2015

Notre premier 6 000 mètres : le Huayna Potosí

Autour de la Paz, il y a vraiment beaucoup de choses à faire, dont des sommets accessible aux randonneurs non alpinistes. A 25 km de la Paz, se trouve la montagne Huayna Potosí, qui culmine à 6088 mètres. Elle est célèbre en Bolivie car son sommet, couvert de glace et de neige, est réputé facile d'accès et offre de plus une vue imprenable sur La Paz, le lac Titicaca, la région de l'Altiplano (= plaine d'altitude) et la Cordillère Royale.


Sachant cela, on y a donc vu une occasion assez unique de pouvoir tenter de dépasser notre record d'altitude (qui était jusque-là de 4 900 mètres). 

Mais, n'étant pas alpiniste pour deux sous, hors de question cette fois-ci d'y aller sans guide. Nous avons donc fait le tour des agences et vérifié leur sérieux sur Internet avant de nous décider. C'est auprès de l'agence Incas Land Tour, que nous avons signé pour 3 jours d'ascension (1 000 BOB par pers., soit 133€, tout inclus - transport, hébergement 2 nuits, nourriture, guide (1 guide pour 2 pers.), entrée du parc et matériel). Et on n'a pas été déçu de notre choix. Le guide (Ramiro) comme le matériel était au top.

Avant de partir pour ce trek à part, nous avons à nouveau glandé une journée à la Paz histoire de reposer les gambettes, s'acclimater à nouveau à 3 700 m., et manger (sans complexe pour ma part) tout ce qui nous tentait (instinct de survie oblige !). Nous avons également dévalisé un supermarché en barres chocolatées. Il nous fallait bien le plein de snack pour le D-Day.

La veille au soir, nous sommes allés essayer l'équipement prêté par l'agence : piolet, crampons, chaussures d'alpinisme, surpantalon imperméable, polaire grand froid, gants de ski et veste imperméable. Et c'est là que j'ai commencé à un peu paniquer. Car j'ai réalisé que ça allait être d'autant plus dur qu'il risquait de faire vraiment froid le jour J ; l'ascension finale se faisant de nuit...

Jour 1 : La Paz (3 700 m.) => Camp de base (4 750 m.)

La première journée nous n'avons pas beaucoup marché. L'objectif était de s'acclimater à 4 750 mètres et d'apprendre à manier piolet et crampons sur de la neige verglacée.

Nous sommes montés en voiture jusqu'à notre camp de base à 4 750 mètres. En chemin, on en a profité pour poser devant notre cible. Le sommet me paraissait tantôt haut tantôt accessible. Mais mieux valait ne pas trop y penser.


Après le déjeuner, il était temps de passer aux choses sérieuses et de chausser nos chaussures d'alpinisme. A 45 minutes de marche du refuge, un glacier a été notre terrain de jeu et d'entrainement pour l'après-midi. Notre guide, nous y a appris à manier le piolet, et à monter et descendre sur de la glace avec des crampons. Pour le fun, nous y avons aussi fait de l'escalade sur glace ; nous étions alors bien sûr encordés. 

Jour 2 : Camp de base (4 750 m.) => High Camp (5 130 m.)

Après une petite matinée de libre à vadrouiller autour du refuge pour continuer notre acclimatation, nous sommes partis après le déjeuner en direction du refuge final, à 5 130 mètres. Nous avons mis deux bonnes heures pour l'atteindre et commencé à sentir notre cœur tambouriner comme jamais. C'est la seule partie du trek où on a porté toutes nos affaires et heureusement. Car entre les chaussures d'alpinisme, les crampons et toutes nos couches de vêtements, nos sacs étaient bien remplis et assez lourds. Mais de là-haut, la vue commençait déjà à valoir le détour.


Dès 17h, nous étions à nouveau à table. C'est que le réveil était fixé pour minuit, alors à 18h, tout le monde au lit ! Et bien que ces horaires ne soient pas franchement habituels, on ne s'est pas fait prier pour s'endormir. Par contre, à 22h30, moi comme Guillaume étions réveillés et excités comme jamais. Nous étions bien contents que l'ascension soit de nuit, car pas sûr qu'on aurait pu se rendormir.

Jour 3 : High Camp (5 130 m.) => Sommet (6 088 m.) => La Paz (3 700 m.)

A 1h du matin, il était l'heure de partir. A quelques mètres du refuge à peine, commençait la partie enneigée du parcours. Nous avons donc chaussé les crampons dès le début et été tout de suite tous les trois encordés (nous deux + le guide).


Et c'est là que la partie dure de notre expédition a commencé. Pendant 6h nous avons, petit à petit, gravi 1000 mètres de dénivelé dans la neige et les pentes n'étaient pas toutes douces, surtout à la fin. Nous avons marché dans la nuit noire, sous un ciel étoilé comme jamais. En arrière-plan, au fur et à mesure de notre ascension, les lumières de la Paz perçaient de plus en plus l'horizon. C'était magique et irréelle à la fois.

Vers 4h30, il ne nous restait plus que 300 mètres à monter. Mais ils ont été les plus longs et durs de notre vie. Et ils ont été d'autant plus durs, que psychologiquement le sommet semblait proche et si loin à la fois. Il a fallu s'accrocher car tous les 5 mètres, nos cœurs menaçaient de s'emballer. On a mis beaucoup de temps à les monter ces 300 derniers mètres, car il a fallu faire beaucoup de pauses. Heureusement, nous avions un bon stock de chocolat. Et, même si l'altitude nous a coupés un peu la sensation de faim, on a bien tapé dans nos réserves. En tout cas ni l'un ni l'autre n'avons souffert du mal d'altitude, ni eu mal à la tête. Jusqu'à la fin, on craignait que ça nous tombe dessus comme un coup de massue. Mais finalement, nous avons atteint le sommet tout frais et pimpant ! Et dès qu'on a vu la vue qui s'offrait à nous, on a alors immédiatement oublié tous nos efforts. On était au-dessus de tout. En un clin d’œil on contemplait le lac Titicaca, les montagnes environnantes, les autres pics enneigés, les plaines désertiques et la Paz. Effet Waouh garanti !



Après une bonne séance photo dans tous les sens, il ne nous restait plus qu'à redescendre. Et ça a été un milliard de fois plus facile. Notre cœur s'est détendu. Nos pas se sont agrandis. Et on a eu tout le loisir cette fois-ci d'admirer les alentours.




Vers 8h, nous sommes arrivés au high camp, heureux comme jamais. Nous y avons posé piolets et crampons, et reposé les gambettes. Mais, nous n'étions pas arrivés pour autant. Nous avions encore 400 mètres à descendre et avec toutes nos affaires. Il a fallu se remotiver pour repartir. Mais la fin n'en a été que plus savoureuse.

En tout on a mis 9h pour monter au sommet et redescendre au camp de base. Il n'était que 11h30 quand on est arrivé au refuge final, mais pour nous la journée était déjà plus qu'entamée.

A 14h, nous avons été débarqués dans le centre-ville de la Paz et j'étais loin de me douter qu'une surprise de taille m'y attendait. Pour mon anniversaire (mes 30 ans), Guillaume avait réservé pour deux nuits un très bel hôtel (le Rendez-Vous). J'ai donc pendant un jour et demi lézardé au lit sans complexe ! Et on a aussi bien compensé les calories brûlées pendant l'ascension. Le soir même (la veille de mes 30 ans), on a été mangé Chez Moustache, un restaurant français ! Le premier en 9 mois de voyage ! Ça a fait bizarre de dîner dans un tel cadre. De boire du vin et qui plus est dans des verres à pied. De grignoter du pain beurre entre deux plats. Et quel délice de savourer une bonne tarte tatin maison avec sa boule de glace !!!


Et le lendemain, après avoir dévalisé le buffet du petit-déjeuner (qui était pantagruélique), pour le soir de mes 30 ans, Guillaume a assuré en faisait des crêpes maisons. Ça a du bon les hôtels avec cuisine. Ça a surtout du bon les anniversaires !!!!

1 commentaire:

  1. Joyeux anniversaire Bénédicte, tu t'en souviendras de tes 30 ans, c'est sur !
    Merci à vous deux pour ces magnifiques photos, profitez bien. Bises. Armelle

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