31 mars 2015

Phnom Penh : émouvant rappel de l'horreur sous les Kherms Rouge

Après Siem Reap, nous sommes partis en direction de Phnom Penh, la capitale du Cambodge, à bord d'un confortable VIP bus pour 5$ par personne (wifi et clim inclus !). On l'a encore eu un peu mauvaise d'avoir payé 35$ pour aller de Don Det (Laos) à Siem Reap (cf article - Des 4000 îles (Laos) à Siem Reap (Cambogde) : le trajet de l’arnaque !) - les distances sur ces deux trajets étant grosso modo équivalentes.

Contrairement à la capitale du Laos (Vientiane), Phnom Penh est une ville énorme et sur certains points modernes (voitures de luxe, un magasin Rolls Royce, centre commercial à l'européenne, supermarchés climatisés où on trouve de nombreuses marques occidentales etc.). Certes ces exemples de modernité ne composent qu'une toute petite partie de Phnom Penh, et ils sont réservés à une élite, mais ils existent quand même et ça nous a fait bizarre après le Laos, de retrouver ces signes de modernité à l'occidentale.

Les marchés, les vendeurs de rue tirant leur cuisine ambulante, la circulation déraisonnée (il y a étonnamment peu de feux de circulation et encore moins de passage piéton) nous ont cependant rappelé rapidement qu'on n'était pas à la maison ! Phnom Penh c'est aussi une ville qui grouille de vie et de gens du levée au couchée du soleil, et on a eu dû mal à imaginer qu'il y a tout juste 35 ans, elle retrouvait la vie après 4 années d'abandon.

Pendant la période des Kherms Rouge (1975-1979), Phnom Penh avait en effet été vidé de tous ses habitants : tous les cambodgiens étant réquisitionnés pour assouvir le projet utopique de Pol Pot de faire du Cambodge une nation intégralement autosuffisante et égalitaire. Il fallait donc remplir les campagnes pour être en mesure de produire assez de riz pour tout le monde, et peu importe que vous sachiez ou non cultiver la terre ou construire des digues. Tout le monde devait exécuter les ordres des Kherms rouge et travailler jusqu'à l'épuisement pour quelques grains de riz bouillis. Les écoles ainsi que les hôpitaux ont aussi été fermées. La propriété privée a été abolie. La religion interdite. Tous les cambodgiens éduqués ou ayant des signes extérieurs de richesse trop prononcés emprisonnés. Le pays tout entier a été mis à sac par Pol Pot, qui croyait être en mesure de reconstruire une nation à 100% indépendante. A Phnom Penh, nous avons été transporté à cette époque atroce et horriblement récente, en visitant le musée du S21 (Tuol Sleng) et un des camps d'exécution établis sous la dictature de Pol Pot (Choeung Ek). Ces deux visites nous ont marqué car nous étions sur les lieux mêmes où toutes ces atrocités ont été commises et elles ont mis en lumière ce que nous avions pu apprendre, peut-être trop brièvement, durant nos études. 

Le musée du S21 a été établi dans une des 190 anciennes prisons de l'époque des Kherms rouge où tous les "traîtres" supposés étaient entassés sans jugement ni preuve. C'était à la base une école. 20 000 personnes y ont été détenues, 7 seulement en sont officiellement ressorties vivant. Nous avons ainsi parcourus, la gorge nouée, les anciennes salles de classe transformées en salle de torture et cellules d'un mètre carrée. On y a été émus, aux larmes pour ma part, par les centaines et centaines de visage de prisonniers qui y sont maintenant placardés, chaque prisonnier ayant été soigneusement photographié à son arrivée. Nous avons également traversé l'ancienne cours d'école, où les Kherms rouge avaient installé, à l'endroit même où avant des enfants montaient à la corde, une poulie où ils suspendaient par les pieds les prisonniers jusqu'à ce qu'ils perdent connaissance. Ils les réveillaient par la suite en leur plongeant la tête dans des seaux de purin et recommençaient leur interrogatoire interminable. Tout prisonnier était torturé et brutalisé jusqu'à ce qu'il avoue son "crime" envers la nation. La plupart des prisonniers ne savaient pas pourquoi ils avaient été arrêtés, une simple dénonciation ou suspicion suffisait à être la raison de leur arrestation, à la nuit tombée, pour qu'il n'y ait pas de témoin. Après avoir craqué sous la torture et avoué ce que les Kherms rouge voulaient entendre, les prisonniers étaient détenus dans des conditions inhumaines : insalubrité, interdiction de parler et de faire quoi que ce soit sans autorisation etc. Ceux qui ne mourraient pas à cause de ces mauvais traitements, finissaient par être conduits dans un camp d’exécution. Plus les années passaient, plus la paranoïa de Pol Pot augmentait et plus les prisons se sont remplies de traîtres éventuels, dont des Kherms rouge aussi. Il fallait donc faire de la place.... D'où l'établissement secrètement et un peu partout dans le pays de ces camps d'exécution. Ils y emmenaient par camion, la nuit, des prisonniers à qui ils avaient bandé les yeux et fait espérer de meilleurs conditions de détention. A la place ils les emmenaient au bord d'une fausse commune où ils les massacraient avec les moyens du bord (hache, pic, branche de palmier dont la tranche est acérée comme une lame de rasoir), car les balles étaient trop cher. 

Nous avons foulé le sol d'un des principaux camps d'exécution qui avait été établi (Choeung Ek), vu les fausses communes, l'arbre contre lequel les Kherms rouge éclataient la tête des enfants. Ils avaient en effet pour principe de tuer toute la famille de tout accusé d'après le principe que "si on ne veut pas que la mauvaise herbe repousse, il faut arracher toutes les racines". Nous avons vu aussi les morceaux de tissus et d'os qui sont recrachés chaque mois par le sol, comme si les blessures de cette barbarie étaient encore béantes. Et nous n'avons eu cesse de nous demander : "mais comment toutes ces horreurs ont-elles été possible ?" Ce camp d'exécution est à quelques kilomètres de Phnom Penh et c'est aujourd'hui un des principaux lieu de commémoration de ce génocide. 


En 4 ans, autour de 1,7 millions de personnes périrent du fait des exécutions, de la torture, du travail forcé, des épidémies ou de la famine, ce qui représentait à l'époque plus de 20% de la population. C'est parmi les plus grands génocides* et on se demande comment un peuple a pu ainsi s'auto-massacrer en si peu de temps et si cruellement.

On peut aussi s'étonner du temps qu'il a fallu pour que ces crimes commis par les Kherms rouge soient reconnus et dénoncés par la communauté internationale. En 1979, en pleine guerre froide, le régime de Pol Pot avait en effet été renversé par le Vietnam, alors ennemis des Etats-Unis. Jusqu'en 1998, les Kherms rouge en exil dans la jungle ont ainsi continué à semer la terreur au Cambodge, avec le soutien notamment des Etats-Unis (qui auraient entre 1980 et 1986 soutenus financièrement les Kherms rouge à hauteur de 84,5 millions de dollars). Les Nations Unies également ont longtemps continué à reconnaître la légitimité des Kherms rouge et à condamner "l'invasion vietnamienne" de 1979. Ce n'est qu'en 1994 que le parti de Pol Pot a été décrété hors-la-loi et qu'en 2003 qu'un tribunal spécial, destiné à juger les crimes contre l'humanité commis par les Kherms rouge, a été institué. Seuls quelques dirigeants à date ont été condamnés et depuis seulement quelques années.

*D'après certaines sources le terme de génocide ne serait pas correct, la définition propre d'un génocide étant « des actes commis avec l'intention de détruire, en totalité ou en partie, un groupe racial, ethnique ou religieux ». Certes au Cambodge, ce n'était ni une race, ni une ethnie, ni une religion qui était visé, mais tous les "traîtres" potentiels d'après la folie et paranoïa de Pol Pot. Mais personnellement, je trouve ces questionnements sémantiques une perte de temps inutile et grave car ils ont retardé les procès en cours. Ne vaudrait t-il pas mieux tout simplement mettre à jour la définition du terme de génocide - la folie et l'horreur dont l'être humain est capable étant malheureusement insondable - et avancer ?

29 mars 2015

Trois jours à vélo parmi les temples d'Angkor

Notre premier stop au Cambodge n'a pas été le moins touristique ni le moins économique ! Nous sommes allés directement à Siem Reap, la ville des temples d'Angkor, qui attire plus d'un million de visiteurs par an (inutile de dire que c'est la principale attraction du Cambodge). Nous avions eu un premier aperçu des temples anciens en Thaïlande, à Sukhothaï, mais si nous avions, là-bas, tout vu en un jour, à Siem Reap, même en 3 jours nous n'en avons pas fait le tour ! Nous avons choisi l'option d'un pass de 3 jours (à 40$ par personne) car le pass 1 jour (à 20$ par personne) n'aurait pas été suffisant vu le nombre de temples et le pass 7 jours (à 60$ par personne) aurait été un peu lourd pour nous qui ne sommes ni expert en archéologie ni en histoire.


Pour sillonner à notre rythme ce site archéologique mythique, nous avons opté pour des vélos - la solution la plus économique (1$ par jour par personne) et aussi la plus libre, car nous pouvions nous arrêter où bon nous semblait quand nous voulions. Certes aux périodes les plus chaudes, nous pouvions regarder un peu avec envie les touristes en tuk-tuk, mais nous avons mérité nos points de vue au moins et pu découvrir des routes plus tranquille à travers des rizières d'un vert tendre. Entre deux bains de foule dans les temples, c'était reposant d'arpenter ces routes paisibles.


Nous avons ciblé les principaux temples pour avoir un bon aperçu de cette ancienne capitale mythique sans en être écœuré.
Le premier jour, nous avons visité les temples les plus anciens (Rolos temple - IXè siècle), qui sont un peu en dehors de la cité principale (à une quinzaine de kilomètres de Siem Reap) et attendu le couchée du soleil au pied des temples. Le lendemain, nous nous sommes levés avant le chant des coqs (à 5h) et nous sommes allés à la frontale, et à vélo toujours, au pied du plus mythique des temples du site, Angkor Vat qui est aussi le plus vaste monument religieux au monde et le temple le plus sophistiqué de la cité, afin d'y voir le levée du soleil. Inutile de dire que nous n'étions pas les seuls à attendre ce matin là et nous avons attendu d'autant plus longtemps que les nuages aussi étaient malheureusement de la partie. Nous avons donc vraiment préféré les couleurs chaudes de fin d'après-midi qui rougissaient les pierres des temples la veille au soir. Le troisième jour nous avons visité les temples d'Angkor Thom ainsi que les temples au alentour. 


Parmi tous ces temples nous avons eu deux coups de cœur et ce ne fut pas Angkor Vat, même s'il est certes majestueux par sa grandeur. Ce fut le temple du Bayon et le temple Ta Prohm. Le temple du Bayon est fascinant par ses tours à visage à foison, où que vous regardiez, vous croisez le regard d'un des visages sculptés. Le temple Ta Prohm a lui été mangé par la végétation. Au sein des pans de murs encore debout, des arbres semblent sortir de ses entrailles, comme si les arbres et le temple ne faisaient plus qu'un. En faite, ce temple a été laissé volontairement dans un état proche de sa re-découverte au 20ème siècle et ça demande beaucoup de travail pour stabiliser ces ruines.


Deux choses m'auront surprises sur Angkor :
            - cette zone est encore malheureusement très minée et il est fortement déconseillé de s'éloigner des sentiers battus
                  - au 15ème siècle, c'est ce qui a fait la grandeur d'Angkor qui l'aurait étonnamment détruit (ce n'est cependant qu'une hypothèse). Son essor avait été permis par une très bonne gestion de l'eau avec la construction de bassins qui récoltaient l'eau et évitaient les inondations pendant la saison humide, et la restituaient en saison sèche. Le cite d'Angkor aurait ainsi été parmi les plus vastes complexes urbains (700 000 habitants sur 400 km²) de l'ère pré-industrielle. Ce développement massif n'a cependant pas été sans conséquence sur l'environnement (déforestation, érosion des sols, dégradation des sols) et potentiellement l'origine même de la chute d'Angkor. Un dérèglement climatique avec des périodes de sécheresse sévère suivies de périodes de mousson torrentielle aurait en effet anéanti le système hydraulique et du coup la cité en même temps. C'est à cette période en tout cas, que le pouvoir s'est déplacé vers Phnom Penh, la capitale actuelle du Cambodge. Comme quoi ce qui fait la grandeur d'une chose peut aussi l'anéantir. Peut-être que certains parallèles avec nos modes de vie actuels pourraient être tirés !

Cette escale culturelle (la plus culturelle à date !) nous a également permis de nous reposer quelques jours au même endroit : nous sommes restés 4 nuits dans le même hôtel (notre record !) et ça fait du bien de se poser un peu ! Nous y avons aussi retrouvé Diane & Jérôme, des amis de Paris. Nous avions certes forcé le destin mais quand même le monde est petit !

Les photos étant souvent plus parlante que les mots, ci-dessous nos photos d'Angkor :

22 mars 2015

Des 4000 îles (Laos) à Siem Reap (Cambogde) : le trajet de l’arnaque !

Ce matin nous quittons le Laos en direction du Cambodge. De Don Det (l’île où nous étions) nous ne pouvons rejoindre le Cambodge que par bus et une seule compagnie - proposant des bus VIP de luxe - effectue ce trajet. Les tarifs annoncés sont très élevés (35$) - vs la distance à parcourir et le niveau de vie au Laos - mais nous n’avons pas le choix. Enfin, au moins nous serons à bord, d’après le descriptif, d’un bus avec wifi, télé, air conditionné et toilette ! ça devrait être notre plus beau bus du Laos (car jusqu’à présent nous étions habitués aux bus locaux surchargés et pas toujours climatisés).

De bonne heure (8h) nous rejoignons par bateau la côte et sur les coups de 10h nous montons à bord de notre bus. En attendant, la personne qui semble le responsable, nous explique que si on ne veut pas se prendre la tête à la frontière à payer des bakchiche à droite et à gauche, on peut passer par ses services pour avoir notre tampon de sortie du Laos et obtenir le visa Cambodgien, sans avoir du coup à sortir du bus. Le visa Cambodgien est normalement de 30$ (la seule chose qui devrait être payante), lui il demande 40$ pour toutes les formalités de sortie et d’entrée. En révolutionnaires, avec d'autres français, nous décidons nous de sortir du bus et de se battre (question de principe !) afin d’essayer de payer le moins de bakchiche possible (on a donc un « budget » de 10$ max par personne !). On savait que cette frontière était scandaleusement corrompue mais ça nous a fait quand même bizarre d’en être à la fois pleinement témoin et victime. 

Arrivés au poste de frontière laotien après une petite demi-heure de route et un peu d’attente comme toujours, nous tendons notre passeport au douanier qui nous demande alors 2$ par passeport pour y apposer le tampon de sortie (qui est obligatoire pour rentrer au Cambodge). On feint de ne pas comprendre car nous avons déjà payé notre visa laotien en entrant (30$) et les tampons d’entrée comme de sortie sont gratuits. Nous avions lu sur des blogs qu’une méthode pour se faire « exonérer » de ces dessous de table est de les faire chier en leur demandant un reçu – ce qu’ils ne peuvent pas fournir vu que ce n’est pas officiel ! On essaye ce petit discours à tour de rôle avec d’autres français de notre bus et on se retrouve tous avec nos passeports sans tampon si on ne paye pas. On attend un bon quart d’heure en bloquant un peu le passage, puis on finit par craquer et payer car notre bus nous attend de leur côté avec nos bagages et il ne faudrait pas non plus qu’il finisse par partir sans nous !

Après une centaine de mètres, nous arrivons au Cambodge et nous esquivons la fausse tente médicale qui extorque à nouveau 2$ par personne pour nous faire remplir un questionnaire de santé bidon et prendre notre température avec un drôle de pistolet laser (je ne savais pas qu’on pouvait prendre la température de quelqu’un à distance !). Nous allons ainsi les yeux baissés tels des voleurs (et c’est ça le comble !) directement au bureau des visa qui est caché par un autre poste de contrôle où il faudrait encore payer 2$ (ici je n’ai pas compris pourquoi !). Au bureau des visas le tarif annoncé est de 35$ (alors que le prix du visa est bien normalement de 30$). 5$ de dessous table par personne, ça en fait des sous en peu de temps ! Ils y en a qui doivent sacrément bien vivre par ici ! A ce poste nous croisons d’autres français qui font « barrage » depuis quasiment une heure en disant qu’ils refusent de payer 5$ de plus. Nous voyons l’heure qui tourne et le bus qui s’impatiente (il klaxonne de temps à autre). Nous décidons donc de payer 35$ même si le cœur n’y est pas. En 5 minutes nous avons nos visas (service express à ce prix là au moins !) mais ce n’est pas encore fini. Un homme qui semble un responsable nous explique qu’il faut encore qu’on aille au poste précédent pour avoir notre tampon de d'entrée et nous « rassure » en nous disant qu’on avait plus rien d'autre à payer maintenant. Nous retournons donc confiant au bureau qui nous avait, à l’allée, demandé 2$ et récupérons notre tampon d’entrée. Entre temps il faudra quand même qu’on aille à la fausse tente médicale pour remplir le fameux questionnaire de santé bidon et se faire prendre la température. Ils essayent de récupérer à nouveau 2$ par personne mais confiant nous montrons du doigt notre visa et la personne qui nous a dit qu’on n’avait plus rien à payer. Dans notre groupe une personne sur trois remplira vraiment ce questionnaire et « se fera prendre la température » (NB : ils ne regardent pas le résultat affiché...!). Mais nous aurons bien tous le petit papier jaune qui montre qu’on a eu la « visite médicale » et qui nous permet d’avoir notre tampon d’entrée ! Quelle mascarade quand même ! Et la cerise sur le gâteau c’est que le bus a finit par partir sans nous ! Heureusement mon passeport était passé sur le dessus de la pile pour avoir mon tampon d’entrée et j’avais ainsi récupéré mon passeport quand je l’ai vu démarrer. J’ai ainsi pu lui courir après et faire signe qu’il s’arrête. Nous étions 9 en tout hors du bus avec toutes nos affaires à l'intérieur. Scandaleux quand même ça aussi ! Au final nous avons donc payé 7$ de bakchiche chacun et engraissé je ne sais combien d’officiers corrompus. Mais bon, au moins, en allant au front on a ainsi quand même « économisé » 3$ par personne vs le prix du responsable de notre compagnie de bus. On a au moins esquivé sa commission à lui ! Par contre ça nous a pris deux heures en tout pour franchir cette frontière entre l’attente, nos tentatives de blocus et les différentes formalités. Et 2h comme ça, c'est long et approuvant. Si au début on prenait ça tous à la rigolade, à la fin, on a finit par être tous un peu tendu et d'autant plus qu'on voyait notre "marge" s'amoindrir vs le package proposé par la compagnie de bus. Une personne de notre groupe a même finit par s'énerver et leur crier : "We are not a cash-machine" et c'est pourtant bien ce qu'on était pour eux : des distributeurs de billet sur patte !
NB : Ce qui était marrant à voir, c'est que c'était principalement des français qui faisaient blocus au niveau des bakchiche. Les américains et chinois qu'on a croisé ont semblé payer sans ronchonner. 

L’autre chose scandaleuse c’est que toutes les personnes du bus qui ont payé la prestation visa ne sont pas sorties du bus et donc aucun douanier n’a vérifié que les passeports auxquels ils apposaient un visa correspondaient bien aux passagers du bus. Quand on est habitué aux postes de douane des aéroports ça fait vraiment bizarre de franchir une frontière comme ça !


Et le pire pour nous c’est que nous n’étions pas au bout de nos peines. Une fois remonté dans le bus, quelques kilomètres après la frontière nous avons changé de bus ! Enfin plutôt on nous a installés dans un mini van sans wifi, ni toilette, ni télé ! Seules les personnes allant à Kratie ont profité du bus « VIP » qui n’était pas franchement nickel. On a donc payé 35$ pour faire les 3/4 du trajet dans un mini-van et on était plus que serré ! ça a vraiment été une journée où on s’est fait avoir de A à Z et en toute impuissance. J’ai pu quand même dire au « responsable » que c’était des voleurs, mais ça a évidemment glissé sur lui comme de l’eau sur un imperméable !

Il y a eu quand même un point positif, c'est qu'on a partagé cette expérience et ce trajet avec des gens super sympas et ça, ça n'a pas de prix !

Notre retour d’expérience :

- Pour ne pas payer de bakchiche la bonne technique semble être de faire blocus mais il faut avoir du temps et qu’il n’y ait pas trop de monde autour de vous. Avant de remonter dans le bus nous avons recroisé les autres français qui refusaient de payer les 5$ de bakchiche du visa cambodgien et ils ont bien réussi après une heure d’attente, quand il n’y avait plus personne à ce poste, à ne payer « que » 30$ (le tarif officiel). Il faut donc mieux dans ce cas là venir et quitter cette frontière avec des bus différents car comme ça vous avez votre sac avec vous et vous ne craignez pas d’avoir payé un bus qui ne vous attend pas. Par contre il n’y a pas de bus qui part de la frontière et la première ville cambodgienne est assez loin. Il faut donc demandé aux bus VPI qui attendent à la frontière s’ils n’auraient pas une place pour vous. Et ça a l’air de marcher car on a vu plusieurs personnes (qui n’avaient pas forcément de place assise du coup) montées lors de cet arrêt.

- Autre méthode pour limiter les bakchiche : il semblerait possible de faire son visa cambodgien à Vientiane, ce qui permettrait de ne pas avoir à payer son visa 35$.

19 mars 2015

Dernier stop au Laos : Don Det, une des 4000 îles du Mékong

Avant de rejoindre le Cambodge, nous nous sommes arrêtés deux jours à Don Det, une île sur le Mékong. Au sud ouest du Laos, à quelques kilomètres du Cambodge, une partie du Mékong est très large et abrite des chapelets d'îles plus ou moins grandes (d'où le nom des 4000 îles, mais pas sûr que quelqu'un les ai vraiment comptées !). Nous nous sommes arrêtés à Don Det notamment dans l'espoir d'y voir des dauphins ! Il existe en effet une espèce de dauphin de rivière, mais leur tête est toute ronde et du coup un peu bizarre (cf photo ci-dessous - et je suis obligée de préciser que ce n'est malheureusement pas moi qui l'ai prise...!)

                         

De Paksé, nous sommes partis en bus (60 000 kip par personne) et nous sommes arrivés à l'embarcadère 4 heures plus tard. Nous y avons pris une barque motorisée et en 30 minutes (à vitesse d'escargot) nous sommes arrivés sur l'île. Il ne nous restait plus qu'à choisir notre bungalow vue sur le Mékong ainsi que notre vue : le levée du soleil si on allait sur la partie est de l'île, le couchée du soleil sur la partie ouest. Nous avons choisi le couchée pour l'apéro time ! Ces îles sur le Mékong sont de plus en plus touristiques et notamment trois (Don Det, Don Khon et Don Khong), du coup les bungalow-hôtels ne manquent pas. Ils ne se valent pas tous question qualité et mieux vaut arriver tôt pour avoir plus de choix. Arrivés sur les coups de 12h, nous en avons trouvé un correct pour 60 000 kip avec salle de bain et wifi (par contre très très lent, c'est via des clefs 3G !) - Tena Bungalow 2 Sunset Side.


Notre première après-midi nous l'avons consacrée à tranquillement se balader à pied sur l'île et se baigner dans le Mékong (baignade pas très sereine car on avait entendu dire qu'il y avait des serpents d'eau ! mais à nouveau on n'en a pas vu nous et pas de regret !). Le lendemain nous sommes partis en randonnée canoë. De nombreuses agences sur l'île organisent ces sorties à la journée mais elles font en faite toutes le même parcours (on s'est tous suivi dans la journée) et le même package (petit- déjeuner, déjeuner, eau et entrée des cascades inclus) pour 180 000 kip par personne. Ce qui est correct étant donnée que les entrées seules pour les cascades sont de 90 000 kip. Et puis de toute manière c'était notre seule chance de voir des dauphins, donc fallait pas hésiter. Cette journée a été très sympas et si on a bien vu des dauphins, on les a vu de trop loin pour pouvoir bien les observer et prendre des photos (je suis restée sur ma faim.....). On n'a pas été autorisé à s'approcher d'eux.... Le dauphin du Mékong (appelé le dauphin de l'Irrawaddy) est une espèce en danger critique d'extinction, en raison de la pêche directe (ils sont recherchés pour leur huile) et indirecte (ils se prennent dans les filets de pêche) et aussi en raison de la dégradation de leur habitat naturel (pollution entre autres, il n'y a pas vraiment de collecte et de traitement des déchets au Laos et on a vu beaucoup de déchets jetés dans le Mékong).



En plus de pagayer nous avons vu deux cascades : une petite et sans grand intérêt, la deuxième plus impressionnante étant donné que c'est la plus large cascade d'Asie (la cascade de Khone Pha Pheng). Elle fait quand même 15 mètres de haut (n'oublions pas qu'on n'est pas en montagne ici !) mais surtout 1 km de large et le débit d'eau est vraiment important (on n'aurait pas envie d'y passer en canoë !).

 

En tout cas, ce petit séjour sur Don Det nous a donné un premier aperçu des îles du sud du Cambodge puis de la Thaïlande qui nous attendent !!!! Et ça donne envie !!! En attendant, après un jour et demi à Don Det (il n'y a pas non plus grand chose à faire ni vraiment de plage), nous repartons en direction du Cambodge et ça va être déjà une aventure en soit car le passage de la frontière par voie terrestre n'a pas bonne réputation (les dessous de table y étant roi apparemment...). On va très vite voir à quelle sauce on va être mangé !!

18 mars 2015

Deux jours sur le plateau des Boloven : scooter trip n°2 !!

Tout juste descendu de notre scooter après 3 jours de balade autour de Takhek, nous avons attrapé à 22h un bus de nuit en direction de Paksé. Ce n’était ni un bus VIP ni un sleeping bus avec siège inclinable à quasi 180°, mais un bus local tout simple. Nous avons malgré tout, opté pour un trajet de nuit car plusieurs voyageurs nous avaient raconté que de jour ils avaient mis 12h à faire ce trajet et comme les bus locaux ne sont pas tous climatisés, de jour ça peut être particulièrement pénible. Quitte à passer un mauvais moment autant essayer de dormir un peu pour accélérer le temps. Et au final, nous n’avons pas regretté. Certes ce ne fut pas notre meilleure nuit ni la plus confortable, mais le trajet est passé relativement vite et par à coup nous avons quand même pu dormir. Autre avantage, la nuit, les bus font moins d’arrêt et nous n’avons mis nous que 7h30 pour rejoindre Paksé depuis Takhek.

Nous avons donc débarqué de bonne heure (6h30) à Paksé et devant un smoothie plus que mérité, nous avons attendu sagement l’ouverture du magasin de location de scooter Miss Noy. Car oui, nous sommes des acharnés et tout juste descendu de notre scooter à Takhek nous avions comme projet d’en relouer un pour deux jours pour sillonner cette fois-ci le plateau des Boloven, connu pour ses plantations de café et nombreuses cascades. Le magasin de location Miss Noy est tenu par un couple lao-belge, et est plébiscité à juste titre sur le net. Nous y avons eu de nombreuses explications et bons plans en français sur la boucle que nous voulions faire sur 2 jours et pour 60 000 kip par jour (même tarif qu’à Takhek), nous avons loué cette fois-ci une Honda Wave semi-automatique (on est monté en gamme). De plus grandes boucles sont possible sur ce plateau, mais nos fesses de bébé ne l’auraient peut-être pas facilement supporté (surtout les miennes !).

A peine arrivés à Paksé, nous avons donc re-déposé nos sacs (au loueur de scooter cette fois-ci qui a une pièce de stockage dédiée) et nous avons repris la route ! 

Jour 1 : Paksé => Tad Lo (86 km)
Départ : 9 h / Arrivée : 16h

Après quelques kilomètres, nous nous sommes arrêtés à la chute d’eau Tad Pasuanm (une de plus !). Une de plus certes, mais si elle n’est pas très grande, elle est particulièrement belle car sur son chapeau des ilots de cailloux (sur lesquels on peut en partie marcher) brassent l’eau.


Ensuite, nous nous sommes arrêtés chez M. Vieng, un producteur de café bio. Pour 15 000 kip par personne (1,5€), il nous a fait visiter sa plantation et expliqué son métier. Il nous a appris comment de A à Z il produisait son café : de la plantation à la torréfaction, en passant par la récolte, le séchage, le tri, et tout ça à la main ! Avec sa famille, ils trient un à un les grains de café pour détecter les véreuses. Ils enlèvent les différentes enveloppes autour du grain (3 en tout) et grillent les grains kilo par kilo. Ce café de sélection est ensuite moulu au dernier moment quand on commande un café chez lui. Même si mon palais n’est pas très affûté question café, je ne pouvais pas passer à côté d’un café 100% home made vraiment riche en goût. J’ai alors fortement pensé à ma grand-mère qui aurait sûrement plus su que moi l'apprécier (mais il faut commencer un jour à s'initier !).


Mr Vieng, nous a aussi montré tous les fruits qu’ils cultivent pour sa propre consommation – pour les pauses lors des récoltes – et plusieurs m’étaient complètement inconnus (egg fruit ; sticky fruit ; tamaride etc.). Et on les a quasiment tous goûté (gros coup de cœur pour le egg fruit dont la chaire est crémeuse à souhait - cf photo ci-dessous).


Il nous a aussi montré les deux ennemis du café : les fourmis rouges et les termites. Pour lui, producteur bio, qui n’utilise donc pas de produits chimiques, il n’y a aucun remède. Il n’a pas d’autre choix que de sacrifier le pied infecté qui ne sera pas récolté et fini par le couper si ces hôtes nuisibles ne s’en vont pas tout seul.

Après 2 bonnes heures passées en compagnie de M. Vieng qui n’est vraiment pas avare de son temps, nous avons continué notre route jusqu’au village de Tad Lo, notre village étape, que nous voulions absolument atteindre avant 16h30 afin d’assister à la baignade de deux éléphants du camp de soin de Tad Lo. Tous les jours leurs maîtres les emmènent se baigner dans la rivière et ils ne trempent pas juste les pieds. Ils semblent avoir un « rituel » : d’abord ils s’aspergent d’eau tranquillement – peut-être pour goûter la température de l’eau (!) – et ensuite accompagnés de leurs maîtres sur le dos, ils se baignent intégralement et se font gratter le dos par leurs maîtres à l’aide de leurs tongues. Et quand je dis intégralement c’est intégralement : ils mettent la tête entièrement sous l’eau et laissent juste une partie de leur dos à la surface afin que leurs maîtres ne prennent pas l’eau. On avait ainsi l’impression que les maîtres surfaient sur les éléphants. J’ai ainsi retrouvé mon sourire béant d’enfant face à ces mastodontes qui semblent si doux et si gentils. Et ça faisait aussi chaud au cœur de constater qu’une relation homme/éléphant semble possible sans violence. Leurs maîtres n’avaient ici ni pique ni chaîne ni nacelle et les éléphants ne semblaient pas blessés. Ils obéissaient à la voix et pour le coup ça semblait à leur avantage. Même leur départ a été émouvant. Sur un mot du maître, l’éléphant a plié sa patte de manière à faire escabeau à son maître afin qu’il puisse en douceur lui grimper dessus.




A Tad Lo nous avons dormi à l’auberge Mama Pa qui est tenue par une mama laotienne pétillante de joie et d’énergie. Son auberge est un mix entre une chambre d’hôte et une auberge de jeunesse car elle a en faite aménagé son grenier en dortoir où pour 20 000 kip (2€) on a un lit double (enfin un matelas double au sol) avec moustiquaire. Ce dortoir est composé d’une dizaine de matelas tous isolés les uns des autres par des draps tendus de manière à faire des petits box individuels.

Petite anecdote : Comme dans tous les villages, les habitants ont l’eau courante grâce à la rivière. Le problème c’est qu’il y a des travaux en ce moment en amont de Tad Lo et l’eau de la rivière est marron. L’eau des toilettes et de la douche l’était donc aussi ! Et quand au petit déjeuner j’ai vu que mon thé était marron aussi, mon cerveau a bloqué et n’a pas pu s’empêcher de penser que la couleur n’était pas liée aux feuilles de thé ! Du coup, même si mes standards niveau hygiène ont fortement baissé, je n’ai pas pu passer ce cap !


Jour 2 – Tad Lo => Paksé (100 km)
Départ : 8h30 / Arrivée : 16h

L’attraction majeure de la journée n’a pas été des chutes d’eau ni le paysage mais une ferme de soie et de thé où nous avons fait une bonne pause à nouveau tellement notre guide (une suisse tombée amoureuse du Laos) était passionnante. Elle nous a expliqué tout le processus de fabrication de la soie : le travail par le ver à soie et le travail des hommes. Nous avons aussi vu et touché des vers, et vu des cocons en cours de formation. Et à nouveau on a pu s’extasier devant la magie de la nature et l’ingéniosité de l’homme qui en voyant un cocon a quand même eu l’idée saugrenue d’essayer d’en extraire les fils ! Car quand on touche un cocon on est loin de toucher de la soie. Les mètres de fil de soie (jusqu’à 900 mètres par cocon) sont collés les uns aux autres par une sorte de colle secrétée par le ver qui forme et solidifie énormément le fil (on croirait toucher du carton) – en même temps n’oublions pas que le but du cocon c’est de protéger le ver des autres animaux (souris, lézard etc.) pendant sa transformation en papillon. Et ça aussi c’est dur à imaginer : qu’un gros ver tout blanc et tout mou se transforme en un papillon multicolore tout léger et fluide et qui sait d’un coup comment voler ! Elle s’amuse quand même la mère nature !



En tout cas, maintenant j’ai compris comment on récupère les fils de soie produit par le verre. On ébouillante les cocons pour tuer le verre et liquéfier la colle secrétée par le ver. Ensuite à l’aide de machines, on récupère un brin de fil et en tournant vite on assemble sur ce fil d’autres brins pour récréer un seul grand fil. On ne « colle » pas les différents brins entre eux, le seul fait de tourner vite les brins les soudent entre eux. Et ça aussi c’est assez fort je trouve.

Lors de cette visite nous avons aussi visité la plantation de thé et appris que le thé qu’il soit noir, vert ou blanc provient en faite de la même plante. Ce qui fait la différence c’est le degré de fermentation (12h pour le thé vert / 24h pour le thé noir) ou le type de feuille (les grandes feuilles pour le thé noir et vert ; les toutes jeunes feuilles tendres pour le thé blanc, ce qui explique qu’il soit plus cher). Et s’il existe de nombreuses variétés de thé, c’est apparemment principalement le sol et l’altitude qui créent ces différences, car il n’y a que deux espèces de plante à thé (théier). C'est un peu comme le vin ! On y a aussi vu des plants de poivre et on s'est rendu compte que le poivre noir, blanc et rouge provenait eux aussi de la même plante. C'est ici le temps de maturité et de séchage qui varie (et une enveloppe de moins pour le poivre blanc).


A 16h, nous avons été de retour à Paksé et nous avons rendu sans regret notre scooter : après en faite 5 jours non stop (dont 3 autour de Takhek), nos fesses avaient besoin d’un break !

NB : sur Wikipédia, j'ai trouvé une des légendes expliquant la découverte de la soie. En Chine, cette découverte serait ainsi attribuée à l'impératrice Leizu qui alors qu'elle buvait son thé sous un mûrier, a récupéré dans sa tasse un cocon qui sous l'effet de la chaleur de l'eau s'est transformé en un brin de  fil de soie.

17 mars 2015

Thakhek Loop : 3 jours à scooter dans les montagnes du Laos

Après avoir passé beaucoup de temps dans les bus, nous reprenons la route mais cette fois-ci à dos de scooter et pour un circuit de 3 jours. Nous avons repéré sur des blogs une boucle de 430 km plébiscitée pour la beauté de ses paysages et pour une pépite sur la route : une grotte de 7km de long qu'on ne peut traverser qu'en bateau.

A Thakhek, nous avons donc loué Choupette, une jeune petite motor bike d'origine chinoise (seulement 6000 km au compteur). Nous avons hésité avec sa cousine Honda, plus cher mais réputée plus fiable, mais finalement nous avons décidé de lui faire confiance et d'autant plus que dans tous les villages (qui ne sont jamais très loin de là où on est) on peut trouver des mécanos qui vous réparent tout pour pas très cher (1€ en cas de crevaison).

Après avoir laissé un sac à notre auberge - Travel Lodge - et lu précieusement le travel book regroupant des best practise et conseils sur ce circuit laissés par des voyageurs, nous avons pris la route.


Côté essence, nous n'avons pas eu de soucis pendant ce trip, car il y a des stations essence partout (nous avons même été étonnés du nombre). Nous avions pris au départ un casse croûte de sécurité pour Choupette (on se voyait déjà en panne d'essence dans les montagnes !), mais il s'est avéré inutile et nous l'avons utilisé le 3ème jour sur le parking d'une station essence.....!!! Choupette a été un peu plus gourmande que les autres scooters que nous avions déjà loué, mais rien de bien méchant, elle nous a coûté 100 000 kip pour 3 jours (soit un peu plus de 10€ vu que l'euro ne nous fait pas de cadeau en ce moment !!!).

Jour 1 : Thakhek => Tha Lang Village (100 km)
Départ : 8h / Arrivée : 15h !!

Nous sommes partis de bon matin , avec quelques appréhensions pour ma part, car on avait lu sur des blogs et sur le travel book de l’auberge des anecdotes et conseils d'aventuriers : serpent sur la route et dans les grottes, crevaison, panne moteur, gadoue, chute à scooter sur les passages non bitumés (appelé ici Dirty Road) etc. Après quelques kilomètres, nous faisons notre premier stop : la rivière Tha Fa Lang pour y piquer une petite tête car même de bon matin une eau si claire et calme ça ne se boude pas ! 


La route qui suit est truffée de grottes (comme tout le Laos !). Nous en ciblons une - Tham Aen Cave - qui avait été plébiscitée sur le travel book. Elle se distingue en effet des autres par ses pans de roches colorées, certains de manière naturelle et d'autres de manière artificielle. C'est une grotte sympas et assez grande, mais pas transcendante non plus (car peut-être trop aménagée), du coup l'entrée (payante) à 20 000 kip par personne est un peu chère. 


Nous avons esquivé les autres grottes du parcours (qui étaient elles gratuites apparemment - nous l'avons appris le soir à l'auberge par d'autres scooter travellers !), et nous avons tout simplement profité du paysage jusqu'au village de Tha Lang. Nous y avons posé notre sac à l'auberge Sabaidee Guesthouse qui avait aussi été plébiscitée par le travel book et pour le coup nous n'avons pas regretté. Nous y avons eu un bungalow tout confort (ie avec salle de bain et eau chaude !) pour 50 000 kip, et le restaurant de l'auberge est plutôt pas mal. Cette première journée de scooter trip d'aventurier s'est donc révélée au final plutôt pépère et facile – « So Far So Good ! ». Nous avons eu le temps de nous prélasser dans les hamacs de l'auberge, de jouer à la pétanque, de marcher au bord du lac artificiel et de discuter avec d'autres tour du mondistes (on ne rencontre étonnement que ça ! et très peu de vacanciers à court terme !).




Jour 2 : Tha Lang village => Konglor (150 km)
Départ : 6h30 => Arrivée : 16h

Aujourd'hui c'est le passage technique du parcours qui nous attend, dit la Dirty Road : une zone non bitumée sur une trentaine de kilomètres. Si ça peut paraître anodin comme ça, mais avec un scooter léger, deux personnes et un gros sac à dos, c'est autre chose. En plus de ce passage technique nous avions pas mal de route devant nous, nous avons donc quitté le village de Tha Lang à 6h30 du matin et pu ainsi admirer les premières lueurs du jour sur le lac artificiel de Tha Lang, un lac transpercé par des centaines d'arbres morts. C'était étonnement triste et beau à la fois comme paysage.


Avant de partir, nous n'avons cependant pas pu résister à mettre dans notre bagage un croissant et  un pain au chocolat fait maison pour notre pause petit déjeuner ! on ne s'était pas laissé tenter à Vientiane mais de bon main c'est plus dur de résister ! et puis acheté dans un petit village ça paraît tout de suite plus typique !


Au bout d'une heure de route, toujours pas de Dirty Road en vue, la route est même assez neuve, on comprend alors que peu à peu ils sont en train de reboucher cette portion de route non bitumée. Au fond de moi, étonnamment, je suis alors presque un peu déçue car ça va être trop facile du coup ! Puis tout d'un coup, sans prévenir, nous voyons apparaître une frontière nette entre le gris du bitume et le rouge du sol : ça y est les choses sérieuses commencent ! La poussière nous envahie vite et surtout dès qu'un autre véhicule nous croise, mais la route est au final plane et dur (elle a été bien tassée) et du coup assez facile, enfin si on ne va pas trop vite of course et qu'on fait attention. Car il y a quand même pas mal de trous et de passages gravillonnés. Au bilan : zéro chute et pas de serpent ! (et j'ai bien scruté tout ce qui ressemblait à un bâton ou à un bout de pneu !). Un bon petit dérapage quand même, pour mettre un peu d'adrénaline. Par contre faire cette route lors de la saison humide, ça ne doit pas être la chose et pour le coup je n'ai pas été du tout déçue qu'on soit nous en saison sèche ! 

Après la Dirty Road, il nous reste maintenant pas mal de kilomètres à parcourir et un petit imprévue auquel on ne pensait plus : la pluie ! Que voulez-vous, il n'y a plus de saison ! Nous étions partis confiant sur le temps, laissant à Thakhek nos capes de pluie sans arrière pensée. Mais c'est toujours comme ça : c'est quand on ne prend pas son parapluie qu'il pleut ! La pluie nous a ainsi arrêté une bonne heure, que nous avons passé en grande partie abrités dans une station essence avec un autre couple de français comme nous sur la route et rebuté par la pluie (qui n'est pas fine ici !). La route ensuite vers Konglor a été assez longue mais belle et ça permet d'oublier un peu qu'au bout de 2 jours de suite, le scooter ça fait vraiment mal aux fesses.

A Konglor, nous nous sommes arrêtés à la guesthouse Boy Ho Guesthouse qui est juste à côté de la rivière (60 000 kip le bungalow pour 2 avec eau chaude). NB : le restaurant de la guesthouse était aussi pas mal !

Jour 3 : Konglor => Thakhek (180 km)
Départ : 11h30 / Arrivée : 17h

Aujourd’hui c’est le joyau de la boucle qui nous attend : la grotte de Konglor. C’est une grotte-tunnel qui fait 7km de long et qu’on traverse en bateau. Je dis bien traverser car on entre d’un côté de la vallée et on ressort de l’autre côté après 45 minutes de traversée dans l’obscurité. Et ça a été magique ! Cette grotte aurait été utilisée notamment pendant la dernière guerre comme abris lors des bombardements (le Laos fait partie des pays les plus bombardés au monde). Et ce serait en apercevant un canard arriver de l’autre côté, que les réfugiés présent auraient découvert que cette grotte était en faite une rivière souterraine connectée à l’autre vallée. Munis de lampes torche, nous avons donc traversé cette grotte sur une petite barque motorisée, en pensant fortement à ce qu’ont pu ressentir les premiers courageux explorateurs. Une fois que nos yeux ont été habitués à la pénombre, nous avons pu admirer la roche et surtout son reflet dans l’eau. Et c’est ce reflet, bien qu’irréel, que j’ai trouvé le plus beau. Au début, mon cerveau a mis un peu de temps à comprendre que ce n’était pas le fond qu’on voyait. Mais la symétrie parfaite et une profondeur moyenne constatée d’en moyenne 40 cm, m’a forcé à reconnaître que c’était bien juste un reflet. 45 minutes de traversée c’est assez long (mais pas ennuyant du tout), si bien qu’à un moment on a l’impression qu’on n'en voit pas le bout ! Mais tout d’un coup un brin de lumière perce puis une bouche de lumière apparaît par laquelle on se retrouve au grand jour, sur une rivière, encerclé de végétation et il faut quelques secondes pour se réhabituer à la lumière. Après une petite pause dehors, nous avons repris le chemin du retour et si lors de la traversée à l’allée nous avions eu le sentiment que la grotte était à nous, la multitude de bateaux et de lampes que nous avons croisé au retour, nous a rappelé que cette grotte était un vrai business (Conseil : prendre comme nous un des premiers bateau dès l’ouverture pour être solo au moins à l’allée).


Après 2h30 de visite, il était temps de reprendre la route car Konglor c’est plutôt loin de Thakhek. Si la première partie du chemin a été sympas car dans les montagnes, rapidement on s'est retrouvé sur la route principale toute droite et ça a été la partie la moins attrayante du circuit. A 80 km de Thakhek, je n'ai pas pu m’empêcher de commencer à compter les kilomètres, ce qui a été une très mauvaise idée car 80 km c’est long et surtout quand on a le popotin qui ne peut plus voir Choupette en peinture !

Heureusement tout a toujours une fin (!), et sur les coups de 17h (après de nombreuses pauses) nous sommes arrivés à Thakhek où nous avons pu tranquillement refaire nos sacs, se doucher et se restaurer avant de prendre à 22h un bus de nuit direction Paksé, notre prochaine étape (pas de répis pour les aventuriers du dimanche !).

En tout cas ce circuit vaut le détour et ne comporte pas de difficulté en saison sèche ! Et il faut le souligner, Choupette a été parfaite : zéro panne, zéro crevaison, zéro chute, zéro caprice ! Côté aventure : c’était beaucoup plus impressionnant dans ma tête avant de partir ! Zéro serpent sur la route et dans les grottes ! Mais nous avons quand même croisé un voyageur comme nous qui lui a failli rouler sur un serpent ! Comme quoi, c’est juste que nous on est trop chanceux ! (enfin pour l’instant du moins !)

Côté info pratiques :

- A Thakhek nous avons loué notre scooter chez Wang Wang pour 60 000 kip / jour

- A Thakhek toujours nous avons pu laisser notre sac dans notre guesthouse Travel Lodge (pour 5 000 kip par sac) et au retour nous avons pu prendre une douche avant de reprendre le bus de nuit (pour 10 000 kip par douche)

- L'auberge Travel Lodge n'est peut-être pas la meilleure auberge de Thakhek, mais elle a l'avantage de disposer d'un travel book sur cette loop truffé de conseils et de bons plans. Ce book a été écrit par tous les voyageurs qui ont fait cette loop et qui ont voulu laissé ensuite leur avis, bons plans etc.

Côté Conseils :

- Partir de bonne heure le matin, pour pouvoir faire des pauses (le scooter ça fait drôlement mal aux fesses et c'est unanime !) et aussi pour ne pas avoir à rouler pendant les heures les plus chaudes.

- Ne pas oublier sa crème solaire. Si en roulant grâce au vent, il ne fait pas trop chaud, ça tape quand même sacrément !

- Avoir un casque avec visière et/ou un cache-nez (pour ne pas respirer trop de poussière et se protéger des insectes suicidaires).

- Faire attention au temps. Nous avons fait ce trip pendant la saison sèche (en mars) et je n'aurais pas aimé le faire pendant la saison humide, car il y a des parties de route non bitumées et ça doit être vite très gadouilleux et casse-gueule.

- Partir zen, cette loop est quand même maintenant bien connue et touristique. Du coup, sur la route vous trouvez des ATM, des station essence, des guesthouses et des garages partout !

- Ne pas partir avec des sacs trop lourd. Vous n'aurez pas vraiment besoin de change car vous serez poussiéreux quoi qu'il en soit.