Tout juste descendu de notre scooter après 3 jours de balade autour de Takhek, nous avons attrapé à 22h un bus de nuit en direction de Paksé. Ce n’était ni un bus VIP ni un sleeping bus avec siège inclinable à quasi 180°, mais un bus local tout simple. Nous avons malgré tout, opté pour un trajet de nuit car plusieurs voyageurs nous avaient raconté que de jour ils avaient mis 12h à faire ce trajet et comme les bus locaux ne sont pas tous climatisés, de jour ça peut être particulièrement pénible. Quitte à passer un mauvais moment autant essayer de dormir un peu pour accélérer le temps. Et au final, nous n’avons pas regretté. Certes ce ne fut pas notre meilleure nuit ni la plus confortable, mais le trajet est passé relativement vite et par à coup nous avons quand même pu dormir. Autre avantage, la nuit, les bus font moins d’arrêt et nous n’avons mis nous que 7h30 pour rejoindre Paksé depuis Takhek.
Nous avons donc débarqué de bonne heure (6h30) à Paksé et devant un smoothie plus que mérité, nous avons attendu sagement l’ouverture du magasin de location de scooter Miss Noy. Car oui, nous sommes des acharnés et tout juste descendu de notre scooter à Takhek nous avions comme projet d’en relouer un pour deux jours pour sillonner cette fois-ci le plateau des Boloven, connu pour ses plantations de café et nombreuses cascades. Le magasin de location Miss Noy est tenu par un couple lao-belge, et est plébiscité à juste titre sur le net. Nous y avons eu de nombreuses explications et bons plans en français sur la boucle que nous voulions faire sur 2 jours et pour 60 000 kip par jour (même tarif qu’à Takhek), nous avons loué cette fois-ci une Honda Wave semi-automatique (on est monté en gamme). De plus grandes boucles sont possible sur ce plateau, mais nos fesses de bébé ne l’auraient peut-être pas facilement supporté (surtout les miennes !).
A peine arrivés à Paksé, nous avons donc re-déposé nos sacs (au loueur de scooter cette fois-ci qui a une pièce de stockage dédiée) et nous avons repris la route !
Jour 1 : Paksé => Tad Lo (86 km)
Départ : 9 h / Arrivée : 16h
Après quelques kilomètres, nous nous sommes arrêtés à la chute d’eau Tad Pasuanm (une de plus !). Une de plus certes, mais si elle n’est pas très grande, elle est particulièrement belle car sur son chapeau des ilots de cailloux (sur lesquels on peut en partie marcher) brassent l’eau.
Ensuite, nous nous sommes arrêtés chez M. Vieng, un producteur de café bio. Pour 15 000 kip par personne (1,5€), il nous a fait visiter sa plantation et expliqué son métier. Il nous a appris comment de A à Z il produisait son café : de la plantation à la torréfaction, en passant par la récolte, le séchage, le tri, et tout ça à la main ! Avec sa famille, ils trient un à un les grains de café pour détecter les véreuses. Ils enlèvent les différentes enveloppes autour du grain (3 en tout) et grillent les grains kilo par kilo. Ce café de sélection est ensuite moulu au dernier moment quand on commande un café chez lui. Même si mon palais n’est pas très affûté question café, je ne pouvais pas passer à côté d’un café 100% home made vraiment riche en goût. J’ai alors fortement pensé à ma grand-mère qui aurait sûrement plus su que moi l'apprécier (mais il faut commencer un jour à s'initier !).
Mr Vieng, nous a aussi montré tous les fruits qu’ils cultivent pour sa propre consommation – pour les pauses lors des récoltes – et plusieurs m’étaient complètement inconnus (egg fruit ; sticky fruit ; tamaride etc.). Et on les a quasiment tous goûté (gros coup de cœur pour le egg fruit dont la chaire est crémeuse à souhait - cf photo ci-dessous).
Il nous a aussi montré les deux ennemis du café : les fourmis rouges et les termites. Pour lui, producteur bio, qui n’utilise donc pas de produits chimiques, il n’y a aucun remède. Il n’a pas d’autre choix que de sacrifier le pied infecté qui ne sera pas récolté et fini par le couper si ces hôtes nuisibles ne s’en vont pas tout seul.
Il nous a aussi montré les deux ennemis du café : les fourmis rouges et les termites. Pour lui, producteur bio, qui n’utilise donc pas de produits chimiques, il n’y a aucun remède. Il n’a pas d’autre choix que de sacrifier le pied infecté qui ne sera pas récolté et fini par le couper si ces hôtes nuisibles ne s’en vont pas tout seul.
Après 2 bonnes heures passées en compagnie de M. Vieng qui n’est vraiment pas avare de son temps, nous avons continué notre route jusqu’au village de Tad Lo, notre village étape, que nous voulions absolument atteindre avant 16h30 afin d’assister à la baignade de deux éléphants du camp de soin de Tad Lo. Tous les jours leurs maîtres les emmènent se baigner dans la rivière et ils ne trempent pas juste les pieds. Ils semblent avoir un « rituel » : d’abord ils s’aspergent d’eau tranquillement – peut-être pour goûter la température de l’eau (!) – et ensuite accompagnés de leurs maîtres sur le dos, ils se baignent intégralement et se font gratter le dos par leurs maîtres à l’aide de leurs tongues. Et quand je dis intégralement c’est intégralement : ils mettent la tête entièrement sous l’eau et laissent juste une partie de leur dos à la surface afin que leurs maîtres ne prennent pas l’eau. On avait ainsi l’impression que les maîtres surfaient sur les éléphants. J’ai ainsi retrouvé mon sourire béant d’enfant face à ces mastodontes qui semblent si doux et si gentils. Et ça faisait aussi chaud au cœur de constater qu’une relation homme/éléphant semble possible sans violence. Leurs maîtres n’avaient ici ni pique ni chaîne ni nacelle et les éléphants ne semblaient pas blessés. Ils obéissaient à la voix et pour le coup ça semblait à leur avantage. Même leur départ a été émouvant. Sur un mot du maître, l’éléphant a plié sa patte de manière à faire escabeau à son maître afin qu’il puisse en douceur lui grimper dessus.
A Tad Lo nous avons dormi à l’auberge Mama Pa qui est tenue par une mama laotienne pétillante de joie et d’énergie. Son auberge est un mix entre une chambre d’hôte et une auberge de jeunesse car elle a en faite aménagé son grenier en dortoir où pour 20 000 kip (2€) on a un lit double (enfin un matelas double au sol) avec moustiquaire. Ce dortoir est composé d’une dizaine de matelas tous isolés les uns des autres par des draps tendus de manière à faire des petits box individuels.
Petite anecdote : Comme dans tous les villages, les habitants ont l’eau courante grâce à la rivière. Le problème c’est qu’il y a des travaux en ce moment en amont de Tad Lo et l’eau de la rivière est marron. L’eau des toilettes et de la douche l’était donc aussi ! Et quand au petit déjeuner j’ai vu que mon thé était marron aussi, mon cerveau a bloqué et n’a pas pu s’empêcher de penser que la couleur n’était pas liée aux feuilles de thé ! Du coup, même si mes standards niveau hygiène ont fortement baissé, je n’ai pas pu passer ce cap !
Jour 2 – Tad Lo => Paksé (100 km)
Départ : 8h30 / Arrivée : 16h
L’attraction majeure de la journée n’a pas été des chutes d’eau ni le paysage mais une ferme de soie et de thé où nous avons fait une bonne pause à nouveau tellement notre guide (une suisse tombée amoureuse du Laos) était passionnante. Elle nous a expliqué tout le processus de fabrication de la soie : le travail par le ver à soie et le travail des hommes. Nous avons aussi vu et touché des vers, et vu des cocons en cours de formation. Et à nouveau on a pu s’extasier devant la magie de la nature et l’ingéniosité de l’homme qui en voyant un cocon a quand même eu l’idée saugrenue d’essayer d’en extraire les fils ! Car quand on touche un cocon on est loin de toucher de la soie. Les mètres de fil de soie (jusqu’à 900 mètres par cocon) sont collés les uns aux autres par une sorte de colle secrétée par le ver qui forme et solidifie énormément le fil (on croirait toucher du carton) – en même temps n’oublions pas que le but du cocon c’est de protéger le ver des autres animaux (souris, lézard etc.) pendant sa transformation en papillon. Et ça aussi c’est dur à imaginer : qu’un gros ver tout blanc et tout mou se transforme en un papillon multicolore tout léger et fluide et qui sait d’un coup comment voler ! Elle s’amuse quand même la mère nature !
En tout cas, maintenant j’ai compris comment on récupère les fils de soie produit par le verre. On ébouillante les cocons pour tuer le verre et liquéfier la colle secrétée par le ver. Ensuite à l’aide de machines, on récupère un brin de fil et en tournant vite on assemble sur ce fil d’autres brins pour récréer un seul grand fil. On ne « colle » pas les différents brins entre eux, le seul fait de tourner vite les brins les soudent entre eux. Et ça aussi c’est assez fort je trouve.
Lors de cette visite nous avons aussi visité la plantation de thé et appris que le thé qu’il soit noir, vert ou blanc provient en faite de la même plante. Ce qui fait la différence c’est le degré de fermentation (12h pour le thé vert / 24h pour le thé noir) ou le type de feuille (les grandes feuilles pour le thé noir et vert ; les toutes jeunes feuilles tendres pour le thé blanc, ce qui explique qu’il soit plus cher). Et s’il existe de nombreuses variétés de thé, c’est apparemment principalement le sol et l’altitude qui créent ces différences, car il n’y a que deux espèces de plante à thé (théier). C'est un peu comme le vin ! On y a aussi vu des plants de poivre et on s'est rendu compte que le poivre noir, blanc et rouge provenait eux aussi de la même plante. C'est ici le temps de maturité et de séchage qui varie (et une enveloppe de moins pour le poivre blanc).
A 16h, nous avons été de retour à Paksé et nous avons rendu sans regret notre scooter : après en faite 5 jours non stop (dont 3 autour de Takhek), nos fesses avaient besoin d’un break !
NB : sur Wikipédia, j'ai trouvé une des légendes expliquant la découverte de la soie. En Chine, cette découverte serait ainsi attribuée à l'impératrice Leizu qui alors qu'elle buvait son thé sous un mûrier, a récupéré dans sa tasse un cocon qui sous l'effet de la chaleur de l'eau s'est transformé en un brin de fil de soie.
NB : sur Wikipédia, j'ai trouvé une des légendes expliquant la découverte de la soie. En Chine, cette découverte serait ainsi attribuée à l'impératrice Leizu qui alors qu'elle buvait son thé sous un mûrier, a récupéré dans sa tasse un cocon qui sous l'effet de la chaleur de l'eau s'est transformé en un brin de fil de soie.
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